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Semaine cruciale pour la réforme des retraites en France


La mobilisation devrait être forte. Photo : AFP

Exécutif et syndicats abordent lundi une semaine cruciale pour la réforme des retraites, ces derniers prévoyant deux journées d’action pour tenter de peser sur les débats qui commencent en plénière à l’Assemblée, avec à la manœuvre un ministre chef de file affaibli.

Sans remettre en cause la mesure cardinale de la réforme, le recul de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, la Première ministre Elisabeth Borne a fait un pas dimanche dans le JDD en direction du groupe LR, dont les voix sont indispensables pour voter la réforme.

« Nous allons bouger en étendant le dispositif des carrières longues à ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans », ce qui leur permettra de « partir à 63 ans », a-t-elle annoncé.

Le président de LR Eric Ciotti avait de nouveau affirmé plus tôt au Parisien souhaité « voter une réforme des retraites », se félicitant des « avancées » obtenues et pointant le sujet des carrières longues.

Mme Borne a par ailleurs assuré de sa « confiance » le ministre du Travail Olivier Dussopt, en première ligne sur la réforme, alors qu’il est fragilisé par des soupçons de « favoritisme » dans l’attribution d’un marché public lorsqu’il était maire d’Annonay.

Du côté des syndicats, la détermination ne faiblit pas, au contraire. Après deux journées de grève et de manifestations, les 19 et 31 janvier, dont la dernière a dépassé le record de participation de 2010, l’intersyndicale a annoncé deux nouvelles journées d’action à un rythme plus rapproché, les mardi 7 et samedi 11 février.

« Il faut amplifier » la mobilisation, a enjoint sur France 2 jeudi le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.

Les syndicats restent toutefois prudents sur leurs chances d’égaler la mobilisation de mardi (1,27 million de manifestants selon la police, plus de 2,5 millions selon les organisateurs) : les vacances scolaires ont commencé samedi pour la zone A et les opposants à la réforme pourraient choisir l’une ou l’autre des deux dates.

« On a conjugué un jour en semaine et un samedi, on verra sur l’ensemble des deux jours, malgré cette période de vacances scolaires », a confié vendredi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

De source sécuritaire, les autorités s’attendent mardi à une mobilisation oscillant entre 900.000 et 1,1 million de personnes dont 70 000 maximum à Paris, où le cortège défilera de la place de l’Opéra à celle de la Bastille. Une intersyndicale se tiendra à la Bourse du travail à Paris dans la soirée.

Les grèves devraient une nouvelle fois concerner particulièrement les secteurs de l’énergie, des raffineries et des transports ferroviaires, qui ont prévu de cesser le travail les 7 et 8 février.

Le 49.3 pas « envisagé »

Mais l’heure n’est pas encore au blocage de l’économie, une stratégie décriée par les syndicats réformistes, qui entendent conserver l’opinion de leur côté en organisant des manifestations massives et « conviviales, respectueuses », pour mieux peser sur le débat parlementaire.

Laurent Berger attend ainsi du Parlement « qu’il dise ce n’est pas raisonnable, dans cette conflictualité sociale (…) de reporter de 62 à 64 ans l’âge de départ ». Il met aussi en garde contre tout usage de l’arme constitutionnelle du 49.3 pour faire passer la réforme sans vote.

Le numéro un du premier syndicat français souligne que nombre de députés LR ont été élus dans des zones rurales où la mobilisation contre la réforme est particulièrement forte.

De son côté, Elisabeth Borne « n’envisage pas » l’hypothèse de dégainer comme à l’automne le 49.3. Gouvernement et majorité en sortiraient « politiquement affaiblis », admet la députée Stéphanie Rist (Renaissance), rapporteure du projet de loi.

La bataille qui s’engage lundi après-midi dans l’hémicycle du Palais Bourbon promet en tout cas d’être une course d’obstacles pour le gouvernement.

Les députés LFI défendront d’emblée une demande de rejet de l’ensemble de la réforme qui inquiète le camp présidentiel. Puis le groupe RN portera sa demande de référendum sur la réforme, qui a elle peu de chances d’être votée par l’Assemblée.

Les députés s’attelleront ensuite aux quelque 20 000 amendements déposés sur le projet de loi, dont 13 000 par LFI.

Si l’Assemblée ne vient pas à bout des amendements d’ici le 17 février minuit, le texte pourra tout de même passer au Sénat, du fait du choix de l’exécutif de recourir à un budget rectificatif de la Sécu.