Ce n’est qu’en consultant le rapport d’autopsie de sa fille, percutée à 19 ans par une voiture à Moscou, qu’Yelena Sablina a appris que son cœur, ses reins et d’autres organes avaient été prélevés à sa mort un mois plus tôt.
Depuis cette découverte, faite en février 2014, cette Russe se bat contre la loi qui permet aux médecins de prélever des organes sans permission, sans information aux familles, ouvrant la voie selon elle à des abus allant jusqu’au trafic d’organes. « Dès le premier jour, les docteurs la voyaient comme une donneuse d’organes », dénonce Yelena, dont la fille unique Alina a passé six jours dans le coma avant de mourir. Le dernier jour, elle se souvient que les médecins affairés l’empêchaient de rentrer dans la chambre de sa fille, sans explication. Le lendemain, c’est par téléphone qu’elle a appris la macabre nouvelle.
Face à cette manière d’agir, Yelena a alors soupçonné le personnel médical d’avoir pu « aider » Alina à mourir pour prélever ses organes. L’hôpital moscovite qui a traité la jeune fille avait assuré en 2014 aux médias russes avoir agi en toute légalité. Il n’a pas pu être joint pour commenter ce cas plus en détails. Déterminée, Yelena Sablina a saisi jusqu’à la Cour constitutionnelle russe pour contester la loi en vigueur depuis 1992, qui autorise le prélèvement d’organes sans consentement. Sans succès : sa plainte a été rejetée en février.
Des lois similaires sont appliquées dans plusieurs pays européens dont la France, l’Espagne ou l’Autriche : le patient est donneur d’organes par défaut et lui ou sa famille doit faire savoir son opposition au don d’organes, faute de quoi il est considéré comme consentant. Dans d’autres pays comme les États-Unis, les patients doivent explicitement donner leur accord pour permettre le prélèvement.
Des « morceaux de viande »
Les experts considèrent le plus souvent que le consentement présumé, qui a tendance à augmenter le nombre de greffes, aide à sauver des vies. En Russie cependant, certains s’inquiètent du manque de transparence de nature à permettre à des médecins peu scrupuleux d’abuser du système, comme le soupçonne Yelena Sablina dans le cas de sa fille. « Pourquoi ont-ils prélevé six organes du corps d’Alina, mais ont écrit qu’ils n’en avaient prélevé que deux ? » s’interroge son avocat Anton Bourkov. « Ces organes ont-ils été vendus ? Nous n’avons aucun moyen de le prouver. »
Pour se faire entendre, Yelena a écrit au procureur général, au représentant des droits de l’homme et au patriarche de l’Église orthodoxe. « On m’a dit que le sujet était délicat et que personne ne voulait s’en mêler parce qu’il n’y a pas de précédents concernant des changements de cette loi », regrette-t-elle. Certains parlementaires ont bien appelé à l’adoption d’un système basé sur le consentement, mais ces projets ont été rejetés. L’avocat Anton Bourkov met en cause une certaine inertie bureaucratique pour expliquer la réticence à revoir un système qui vise selon lui « à ne forcer personne à réfléchir ». Il a saisi la Cour européenne des droits de l’homme du cas de sa cliente.
Cette maman le sait, rien ne pourra ramener sa fille. Mais elle souhaite que sa tragédie serve d’exemple, pour dénoncer ce qui semble être un trafic totalement organisé. « Les gens sont transformés en morceaux de viande », regrette-t-elle. « L’État s’attribue des droits sans limite pour diriger nos vies jusqu’à nos organes ».
Bonjour
L’article ci dessus sur des prélèvements « abusifs » utilise l’émotion, le spectaculaire. Prendre l’exemple sur des lois considérées comme similaire entre la Rusdie et certains pays d’Europe c’est d’emblée entretelnir l’amalgame aupres des lecteurs.
Les textes , selon les pays sont beaucoup plus nuancés que le rédacteur le laisse entendre, par souci de simplification sans doute.
On vérifie en France le RNR, on informé la famille de ce que dit la loi ( le constat présumé) on recueille auprès des proches (et pas seulement de la famille) l’avis de la personne décédée, si celle ci avait exprimé de don vivant un refus.
Vérifiez vos sources !
Cela ne se fait pas comme ça !
En Belgique il y a un registre des oui et des non. Consulté avant tout prélèvement. Malgré tout l’opinion de la famille c’est recherché .
Votre inter titre » des morceaux de viande », même avec des guillemets, discrédite l’auteur.
C’est de la mauvaise information qu’on peut considérer comme fausse et racoleuse.
Nous sommes à votre disposition pour toute information valide.
christianlefort@gmail.com
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