Les conservateurs ont déjoué tous les pronostics ce jeudi en gagnant haut la main les législatives britanniques avec un score frisant la majorité absolue, tandis que les nationalistes écossais du SNP réalisaient un raz-de-marée, selon un sondage sortie des urnes.
Cette estimation diffusée à 22 heures ce jeudi soir contredit tous les sondages réalisés ces derniers mois, qui prévoyaient un coude à coude entre conservateurs et travaillistes. Si ce résultat est confirmé, il permettra au Premier ministre David Cameron d’effectuer un second mandat au 10, Downing Street, avec ou sans alliés.
Réalisé auprès de 22 000 électeurs, par les principales chaînes de télévision qui ont combiné leurs efforts, le sondage donne 316 sièges aux Tories contre 239 aux travaillistes d’Ed Miliband, qui essuieraient ainsi une cuisante défaite. Les nationalistes écossais du SNP rafleraient pour leur part 58 des 59 sièges de députés en jeu dans leur région, se propulsant au rang de troisième force politique du pays.
Ils multiplieraient ainsi par plus de neuf le nombre de leurs députés à la Chambre des Communes, par rapport à 2010. Cependant, la chef de file du SNP Nicola Sturgeon a eu le triomphe modeste dans sa première réaction sur Twitter. Elle a appelé à la prudence, doutant que son parti ait pu remporter tous les sièges écossais sauf un.
Les libéraux-démocrates, qui gouvernaient avec les conservateurs depuis cinq ans, voient le nombre de leurs députés s’effondrer de 56 dans la précédente législature à 10. Ils apparaissent comme l’autre grand perdant du scrutin. « Leur existence en tant que parti est sérieusement menacée », a souligné Patrick Dunleavy, politologue à la London School of Economics (LSE).
Le risque ravivé d’un « Brexit »
Le parti populiste et europhobe Ukip, desservi par le mode de scrutin, conserve 2 sièges, en dépit de sondages qui le plaçaient à 14% des intentions de vote. « David Cameron est assuré de devenir le Premier ministre, même s’il n’a pas encore la majorité absolue », a déclaré Patrick Dunleavy.
« Si ces résultats sont exacts, cela signifie que les conservateurs ont clairement gagné cette élection », a déclaré Michael Gove, ministre de l’Education dans le gouvernement sortant et premier responsable Tory à s’exprimer sur le plateau de la BBC.
L’arithmétique électorale impose à un parti d’obtenir 326 sièges pour gouverner seul. Cependant, avec un score de 316 députés, les conservateurs pourraient former un gouvernement minoritaire, assuré de l’appui au cas par cas de ses anciens partenaires libéraux démocrates et/ou du DUP nord-irlandais.
Ed Miliband, parti avec un fort handicap dû à sa médiocre cote de popularité, espérait, à l’issue d’une campagne plus dynamique que celle de son adversaire, ramener le Labour au pouvoir.
A contrario, David Cameron a été crédité d’un début de campagne en demi-teinte. Sa réélection raviverait les appréhensions des autres capitales européennes, le dirigeant tory ayant promis de tenir un référendum pour ou contre le maintien du Royaume-Uni dans l’UE d’ici fin 2017, qui peut se traduire par un « Brexit », une contraction de « British exit ».