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Royaume-Uni : Jeremy Corbyn, chantre de la gauche radicale, élu à la tête du Labour


Farouche opposant des politiques d'austérité, Jeremy Corbyn se situe dans la lignée des partis grec Syriza et espagnol Podemos. (photo AFP)

Le radical Jeremy Corbyn a été largement élu samedi à la tête du Parti travailliste britannique, une victoire qui consacre la surprenante ascension de cet eurosceptique de 66 ans, farouche opposant des politiques d’austérité dans la lignée des partis grec Syriza et espagnol Podemos.

Favori des sondages et des bookmakers pendant la campagne des primaires, Corbyn l’a emporté haut la main avec 59,5% des voix face à ses trois rivaux, Andy Burnham, Yvette Cooper et Liz Kendall, selon les résultats annoncés à Londres lors d’un congrès exceptionnel du Labour, le principal parti d’opposition britannique.

La victoire de ce barbu, vétéran de la politique, a des airs de petite révolution au sein d’un Labour qui ne jurait, il n’y a encore pas si longtemps, que par le modèle social-démocrate de Tony Blair. De fait, le parti n’avait pas connu de leader aussi à gauche depuis 30 ans.

Sitôt élu, Corbyn, vêtu avec sobriété, veste sombre et chemise bleue, a prononcé un discours aux accents passionnés, dénonçant « les inégalités qui ont atteint des proportions grotesques » et « un système de protection sociale injuste ». La campagne pour les primaires, a-t-il dit, « a montré que notre parti (…), passionné, démocrate, divers, était uni et résolument déterminé dans notre quête pour une société meilleure et juste pour tous ».

Corbyn a également appelé le gouvernement conservateur de David Cameron à plus de « compassion » envers les réfugiés qui cherchent asile en Europe, et annoncé que son « premier geste » en tant que leader du Labour serait de prendre part à la manifestation organisée samedi à Londres sur ce thème.

Son élection a été immédiatement saluée en Espagne par le chef du parti Podemos: « La victoire de Corbyn (…) est une excellente nouvelle, c’est un pas en avant vers le changement en Europe », a-t-il dit sur Twitter.

Antimilitariste, partisan d’une politique fiscale taxant davantage les plus riches, Corbyn est parvenu à rallier les militants en quête d’alternative politique, créant un engouement d’une intensité que les caciques du Labour étaient loin d’imaginer.

« Il triomphe parce qu’il représente un rejet de la politique classique et parce que les autres candidats n’ont pas su inspirer l’enthousiasme ou l’espoir », soulignait récemment Andrew Harrop, secrétaire général de la Fabian Society, un think tank de centre gauche.

L’anti-Blair

Jeudi soir, lors de son dernier meeting de campagne dans son fief d’Islington-Nord (nord de Londres), dont il est député depuis 1983, Corbyn avait répété son credo: faire de la politique autrement.

« Nous changeons la politique au Royaume-Uni, nous défions l’idée qui voudrait que seules les questions individuelles comptent et à la place, nous disons que le bien commun est notre aspiration à tous », avait-il lancé.

A défaut d’emporter l’adhésion de ses collègues députés, Corbyn a su séduire la base du parti et les syndicats en prônant un virage à gauche toute, avec des propositions comme la renationalisation des chemins de fer et de l’énergie ou le contrôle des loyers.

Mais si Corbyn a su conquérir les foules, sa popularité lui a aussi valu des inimitiés, jusque dans son propre camp, d’aucuns considérant que sa victoire va diviser le Labour, et compromettre grandement ses chances de gagner en 2020. « Vous ne gagnez pas avec un programme à gauche de la gauche », a lâché Tony Blair.

Les attaques sont également venues de la droite, même si les observateurs estiment qu’un Labour dirigé par Corbyn représente une chance formidable pour les conservateurs, qui pourraient récupérer les centristes échaudés par son radicalisme.

« Son discours extrémiste promet seulement plus de dépenses, plus d’emprunts et plus de taxes », a fustigé vendredi David Cameron parlant du Labour mais visant Corbyn. Cette désignation est une étape stratégique dans la vie du Labour puisque Corbyn aura la responsabilité de remettre le parti sur les rails après sa lourde défaite aux élections législatives du 7 mai face aux conservateurs du Premier ministre David Cameron.

En succédant à Ed Miliband, il aura également pour mission de conduire le parti d’opposition jusqu’au prochain scrutin législatif de 2020, et en serait alors le candidat naturel pour tenter de mettre fin à 10 ans de règne des tories.

 

AFP / S.A.

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