Le chef du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn a livré jeudi une charge contre l’élite représentée selon lui par les conservateurs au pouvoir, qu’il affirme pouvoir battre lors des législatives anticipées du 8 juin malgré des sondages au plus bas.
« C’est l’establishment contre les gens » qui se joue dans ces élections, a dit M. Corbyn lors de son premier discours de campagne à Londres, au lendemain du feu vert donné par le Parlement à la tenue du scrutin législatif avec trois ans d’avance sur le calendrier électoral.
« Le Parti conservateur est le parti des privilégiés », a-t-il dit, accusant la Première ministre Theresa May de consentir des déductions fiscales aux grosses entreprises et aux plus riches tout en coupant dans les dépenses sociales et en désignant les immigrés et les bénéficiaires d’aide sociale à la vindicte populaire.
« Ce sont des règles du passé, qui ont drainé les richesses vers une petite élite », a encore lancé le leader de la principale formation d’opposition britannique.
Face aux enquêtes d’opinion qui prédisent une sévère défaite au Labour -il est crédité de 24% des voix contre 48% pour les Tories selon un sondage YouGov publié jeudi-, il a affirmé pouvoir renverser la vapeur en proposant un programme pour « tous les Britanniques et pas seulement quelques-uns », s’attirant les applaudissements de la salle.
« Déjà, 2.500 nouveaux sympathisants nous ont rejoints en 24 heures », a-t-il affirmé.
Les législatives du 8 juin ont été convoquées à l’initiative de Theresa May qui compte conforter sa majorité parlementaire de 17 sièges en capitalisant sur la faiblesse des travaillistes, par ailleurs très divisés en interne. Le radical Jeremy Corbyn, élu à la tête du parti par les adhérents en septembre 2015 avant d’être confirmé l’an dernier, n’a pas le soutien des cadres du parti, sur une ligne plus libérale et qui le jugent incapable de remporter un scrutin national.
Mme May a expliqué que la convocation des élections lui offrirait une position plus confortable pour négocier les conditions de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, et appelé les électeurs à lui donner « un mandat fort » pour faire du Brexit « un succès ».
Interrogé sur la possibilité que le Labour soutienne l’organisation d’un nouveau référendum sur le résultat de ces négociations, M. Corbyn s’est contenté de répondre qu’il réclamait le maintien de liens économiques forts avec l’UE et expliqué ne pas vouloir d’une élection qui tourne autour du Brexit.
La veille, son bras droit John McDonnell avait déclaré que le gouvernement devrait « présenter l’accord au Parlement et peut-être au pays tout entier ».
Le président des conservateurs Patrick McLoughlin a réagi jeudi en accusant les travaillistes de vouloir « perturber » les discussions et affaiblir ainsi la position britannique.
Le Quotidien / AFP