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Retraites en France : réunion à huis clos, 8e journée de mobilisation


Les éboueurs sont en grève. Quelque 7 000 tonnes d'ordures s'amoncellent à Paris. (photo AFP)

Mercredi sous haute tension au Palais Bourbon : sept députés et sept sénateurs ont commencé à se réunir à huis clos pour chercher un compromis sur la réforme des retraites. Un accord indispensable à la veille d’un éventuel vote final à l’Assemblée, à haut risque pour l’exécutif.

Une huitième journée d’action a débuté à l’appel de l’intersyndicale.

Les grèves restent très suivies dans l’énergie et chez les éboueurs, notamment à Paris où ils comptent poursuivre leur mouvement « au moins jusqu’au 20 mars ». Mais la mobilisation semble s’essouffler dans les raffineries et certains pans des transports.

Dans la rue, de source policière, les renseignements prévoient entre 650 et 850 000 manifestants, moins que le 7 mars, point d’orgue de la mobilisation (1,28 million). Le cortège parisien s’ébranlera à 14 h des Invalides pour terminer place d’Italie.

En attendant, la commission mixte paritaire (CMP) – sept députés, sept sénateurs, et autant de suppléants – a commencé ses échanges peu après 9 h au Palais Bourbon. À huis clos, comme le veut l’usage, mais tout de même sous le feu des projecteurs.

Tweets en direct 

Une partie de la gauche avait demandé que les débats soient publics pour éviter, selon le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, « combines et magouilles ». En vain. Du coup, la cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, membre de la CMP, a promis de tout dévoiler des négociations sur les réseaux sociaux.

Le gouvernement, très contesté sur cette réforme à laquelle une majorité des Français restent hostiles (68 % selon les derniers sondages), compte sur cette commission pour trouver un compromis. Mais sans toucher au coeur du texte, le recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.

Un accord est probable car les macronistes et la droite y sont majoritaires. En cas de succès, le texte sera soumis jeudi matin au Sénat, dominé par la droite, qui le validera une dernière fois. Mais le suspense demeure sur le vote qui doit suivre dans l’après-midi à l’Assemblée nationale.

Le groupe LR, pourvoyeur de voix indispensable pour le camp présidentiel qui ne dispose que d’une majorité relative, apparaît toujours aussi divisé, donnant des sueurs froides au gouvernement. « Ce n’est pas un vote d’adhésion, c’est un vote de responsabilité », a martelé mercredi sur Europe 1 à l’intention de la droite le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.

« Il n’y a pas de problème de majorité (…) si tous les députés qui sont attachés à une meilleure prise en compte de la pénibilité et des carrières longues votent » pour le texte, a relevé de son côté le ministre du Travail Olivier Dussopt sur Public Sénat. Mais, jusqu’au dernier moment il y aura une incertitude », relève une source gouvernementale.

49.3 ? 

Ces doutes laissent planer la possibilité que le gouvernement déclenche l’article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption sans vote.

Plusieurs voix dans le camp des Républicains ne s’opposent pas à cette hypothèse. « Il vaut mieux un 49.3 que pas de réforme du tout », a ainsi estimé sur France Inter le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau. Y avoir recours serait toutefois perçu comme un geste politique ravageur, susceptible de durcir le mouvement comme l’ont averti plusieurs leaders syndicaux.

D’autant que l’exécutif a déjà choisi de restreindre à 50 jours le débat au Parlement et de dégainer au Sénat un outil lui permettant un vote bloqué sur l’ensemble du texte. Dégainer le 49.3 expose aussi l’exécutif à une motion de censure.

Marine Le Pen a indiqué qu’elle en déposerait une, qui aurait peu de chances d’être adoptée. Elle s’est aussi dit prête à voter une motion de censure transpartisane qui pourrait attirer des élus de la Nupes, quelques Républicains et des députés indépendants du groupe Liot.

En attendant, certains membres de la commission mixte paritaire, à l’image du député RN Thomas Ménagé, s’inquiètent de devoir être cantonnés mercredi au rôle de « spectateurs » vu les intenses tractations des dernières semaines entre le gouvernement et Les Républicains.

L’exécutif a déjà concédé à la droite un recul de l’âge de départ à 64 ans, et non 65, ainsi qu’un relèvement des petites pensions élargi aux retraités actuels. Le « seul sujet » sera les carrières longues, souligne-t-on chez LR.

Le patron de la CFDT Laurent Berger a appelé mercredi sur BFM les élus à « voter en âme et conscience », dénonçant « une réforme injuste et brutale ».

Les grèves reconductibles continuent dans plusieurs secteurs clés (transports, énergie, ramassage des déchets…), même si on est loin d’une « France à l’arrêt ». Les quatre terminaux méthaniers ont voté la reconduction de leur mouvement de grève jusqu’au début de la semaine prochaine. Quelque 7 000 tonnes d’ordures s’amoncellent à Paris et la collecte est perturbée dans plusieurs villes de l’Ouest (Rennes, Nantes…).

À la SNCF, le trafic reste perturbé avec 3 TGV Inoui et Ouigo sur 5; 1 Intercités sur 3; et 2 TER sur 5. Quelques blocages routiers ont été mis en place par exemple sur l’autoroute A26 entre Calais et Thérouanne.

À Marseille, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté devant le siège de la compagnie maritime CMA-CGM qui a dégagé un bénéfice historique de 23 milliards d’euros en 2022. « De l’argent, il y en a, dans les caisses du patronat », ont scandé les manifestants.

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