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Retraites en France : peut-être une ultime journée de mobilisation


L'opposition à la réforme des retraites du gouvernement français ne semble pas s’essouffler pour le moment. (Photo archives AFP)

Les opposants à la réforme des retraites en France ne désarment pas: malgré son adoption définitive en avril et après des mois de contestation, ils appellent mardi à une 14e journée de mobilisation contre ce texte emblématique du second quinquennat Macron, instaurant l’âge légal de départ à 64 ans.

Cette nouvelle journée, la 14e depuis le début de l’année, pourrait néanmoins être le chant du cygne d’une contestation massive, marquée par des manifestations et des grèves spectaculaires mais qui n’a jamais réussi à ébranler l’exécutif.

Ce dernier a utilisé tous les moyens constitutionnels -et notamment un article permettant de faire passer le texte sans vote- pour imposer la réforme, promulguée le 14 avril après sa validation par le Conseil constitutionnel.

Le bras de fer entre l’exécutif et les opposants au texte a laissé de profondes traces, et c’est dans un contexte crispé que se tient cette nouvelle journée de mobilisation, même si le président Macron tente de reprendre l’initiative et d’imposer de nouveaux sujets à l’agenda en labourant le terrain depuis plusieurs semaines.

À l’appel des syndicats, environ 250 manifestations et rassemblements sont prévus à travers la France et Frédéric Souillot, secrétaire général du syndicat FO, se veut optimiste. « Il y aura du monde dans la rue », a-t-il assuré sur la chaîne France 2 mardi matin, tablant sur un million de personnes, alors que les autorités anticipent entre 400.000 et 600.000 personnes.

« Ça ne sera pas du niveau des plus hautes mobilisations », admet toutefois Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT. « Il y aura peu de grévistes », en tout cas dans l’Éducation nationale, reconnaît Benoît Teste (FSU), évoquant une « fin de cycle ».

Des grèves sont annoncées dans les compagnies d’électricité et de gaz ainsi que dans les transports ferroviaires et aériens, avec notamment un tiers des vols annulés au départ de Paris-Orly.

Mardi matin à Rennes (Ouest), une dizaine de lignes de bus étaient suspendues en raison du blocage d’un dépôt par des manifestants.

Quelque 11.000 policiers et gendarmes sont mobilisés, dont 4.000 à Paris. Les autorités anticipent la participation « de membres de l’ultra-gauche venus de l’étranger », selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui pourraient grossir les rangs des casseurs qui se livrent à quasiment chaque manifestation à des dégradations et des affrontements avec les forces de l’ordre.

« Les casseurs et les black blocs, nous les attendons de pied ferme et nous les disperserons », a assuré lundi soir le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez.

« Dernier combat »

Cette nouvelle journée de mobilisation intervient deux jours avant l’examen au Parlement d’une proposition de loi visant à abroger la réforme, qui a peu de chance d’aboutir.

Ce texte a en effet été vidé de sa substance après la suppression, en commission, de l’article-clé portant sur la mesure d’âge.

Et si des amendements ont été déposés pour rétablir cet article, la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a prévenu qu’elle les déclarerait irrecevables en invoquant une disposition constitutionnelle interdisant aux parlementaires de déposer des amendements diminuant les ressources ou aggravant les charges publiques.

Ce serait « un pur scandale démocratique », a prévenu la secrétaire générale du syndicat CGT, Sophie Binet.

Le secrétaire général du syndicat réformiste CFDT, Laurent Berger, a de son côté dénoncé un « vice démocratique », en rappelant que la réforme n’aura jamais fait l’objet d’un vote. Il a cependant semblé acter la défaite des syndicats, affirmant que « bien sûr (…) le texte s’appliquera le moment venu ».

Le président du syndicat de la CFTC, Cyril Chabanier, avait dit mi-mai que le 8 juin serait probablement « le dernier combat » de son organisation.

Le gouvernement s’efforce, lui, de tourner la page et deux premiers décrets d’application de la loi, dont celui sur le recul progressif de l’âge de départ, ont été publiés dimanche au Journal officiel. Binet a fait savoir que son syndicat traquerait toute « faille juridique » pour attaquer les 31 décrets.

La France est l’un des pays européens où l’âge de départ à la retraite est le plus bas, mais les systèmes sont très différents. L’exécutif a justifié son projet par la nécessité de répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.