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Poutine accuse les rebelles en Syrie de se regrouper


Pour l'heure, pas de vrai concurrent face à Vladimir Poutine (photo AFP)

Le président russe Vladimir Poutine a accusé samedi les rebelles de profiter de la trêve en Syrie pour « se regrouper » et reproché à Washington un manque de transparence sur cet accord de cessez-le-feu, en vigueur depuis cinq jours.

Sur le terrain, la nuit et la matinée de samedi ont été marquées par des combats et des bombardements limités, alors que la trêve initiée par la Russie et les Etats-Unis continuait globalement de tenir depuis lundi soir.

Des dizaines de milliers de civils, notamment dans les quartiers rebelles et assiégés d’Alep, la grande ville du nord, attendaient cependant toujours l’aide humanitaire promise.

A New York, une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, qui devait examiner vendredi soir l’opportunité de soutenir l’accord américano-russe, a été annulée à la demande de Washington et de Moscou.

Cette réunion devait permettre d’examiner la possibilité d’une résolution soutenant cet accord, qui prévoit un cessez-le-feu et l’acheminement d’aide humanitaire et vise à favoriser l’émergence d’une solution politique à la crise syrienne.

Les ambassadeurs américain et russe devaient présenter à leurs partenaires les détails de l’accord -pas encore rendu public- mais la Russie a accusé les Etats-Unis de refuser de partager des documents avec le Conseil de sécurité.

La mission américaine a mis en avant des préoccupations qui porteraient sur la sécurité de groupes armés soutenus par les Etats-Unis.

Lors d’un voyage au Kirghizstan, le président russe Vladimir Poutine a appelé les Américains à plus de transparence. « Je voudrais que nous soyons honnêtes les uns avec les autres (…) Je ne comprends pas pourquoi nous devrions cacher des accords », a-t-il dit.

« Plutôt compliqué »

Même s’il s’est dit « plutôt positif que négatif » sur les chances de l’accord, il a accusé l’opposition syrienne de ne pas rester inactive pendant la trêve, assurant que les troupes du régime la respectaient, eux, « complètement ».

« Nous voyons des tentatives de se regrouper parmi ces terroristes, ils tentent de changer d’étiquette, de changer de nom pour préserver leurs capacités militaires », a-t-il déclaré.

Il a estimé que Washington se trouvait face au « problème plutôt compliqué de distinguer les opposants (au régime) des terroristes ».

Selon l’accord, Washington doit oeuvrer auprès des rebelles syriens, notamment pour qu’ils prennent leurs distances avec les jihadistes du Front Fateh al-Cham, qui sont exclus de la trêve comme ceux du groupe Etat islamique (EI).

M. Poutine a également accusé Washington de sembler « vouloir préserver les possibilités de combattre le gouvernement légitime du président Assad », y voyant « une voie très dangereuse ».

En attendant, au cinquième jour de la trêve, les civils des zones rebelles d’Alep n’avaient toujours pas reçu d’aide humanitaire.

Les belligérants ne se sont en effet pas retirés de la route de Castello, située au nord de la ville et choisie par l’ONU pour faire entrer l’aide humanitaire dans les quartiers rebelles, dans l’est de la ville, où vivent près de 250.000 personnes affamées.

La Maison Blanche a fait état de la « profonde préoccupation » du président Barack Obama sur le fait que « le régime syrien continue de bloquer » l’acheminement de l’aide humanitaire.

Attente du « feu vert »

« Il n’y a pas de progrès mais l’ONU est prête à bouger des qu’elle obtint le feu vert », a affirmé pour sa part à l’AFP un porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

Faute de garanties de sécurité suffisantes, des camions remplis de nourriture et de médicaments sont toujours bloqués dans une zone tampon entre les frontières turque et syrienne.

Un correspondant de l’AFP à Alep a indiqué samedi matin que cette ville était calme, après le tir de quelques roquettes dans la nuit.

La trêve a permis une baisse sensible des violences mais elle est marquée des accrocs, qui ont fait vendredi les premières victimes civiles, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Samedi encore, dans la province de Homs (centre), une femme et un enfant sont morts dans des bombardements du régime contre le fief rebelle de Talbissé, selon l’ONG.

Des combats ont aussi eu lieu à l’est de Damas, dans la Ghouta orientale, où les forces du régime ont tenté d’avancer près Marej, tenu par des rebelles, selon la même source.

Selon l’OSDH, depuis lundi, 12 civils sont morts, dont neuf tués par l’armée syrienne et trois par les insurgés, dans les zones concernées par la trêve, c’est-à-dire dans les régions tenues par le régime ou les rebelles.

En outre, 47 autres personnes ont péri dans des secteurs contrôlés par l’EI. Depuis cinq ans et demi, le conflit en Syrie a fait plus de 300.000 morts, des millions de déplacés et réfugiés et dévasté le pays.

Le Quotidien / AFP