Le Premier ministre portugais a mis en garde mardi contre le risque d’une « crise politique » pouvant entraîner des élections législatives anticipées, si le budget de l’État pour 2022 était rejeté par le Parlement la semaine prochaine.
« Après le drame terrible que nous avons connu avec la pandémie, ce serait totalement irrationnel d’y ajouter des drames politiques », a déclaré le chef du gouvernement socialiste minoritaire avant de rencontrer les dirigeants des partis de la gauche radicale qui ont permis son arrivée au pouvoir en 2015. « La seule chose rationnelle à faire, c’est d’adopter le budget afin de poursuivre sur la trajectoire de la reprise », a souligné Antonio Costa devant les médias.
Tout en se disant ouverts à la poursuite des négociations budgétaires, le Parti communiste et le Bloc de gauche ont, l’un comme l’autre, menacé de s’opposer au projet de loi de Finances de l’exécutif lors du vote en première lecture prévu le 27 octobre. Réagissant à leur prise de position, le président Marcelo Rebelo de Sousa, un conservateur qui dispose du pouvoir de dissolution du Parlement, a prévenu que, si le budget ne passait pas, les différents camps politiques devaient se préparer à des élections législatives anticipées.
Les oppositions font bloc
En vertu d’un accord parlementaire passé avec le Bloc de gauche et le Parti communiste, Antonio Costa avait garanti l’adoption des budgets de son premier gouvernement. Mais cette union de la gauche, inédite en quarante ans de régime démocratique, a commencé à se délier après la victoire des socialistes aux législatives de l’automne 2019.
La loi de finances 2021 a ainsi été adoptée de justesse grâce à l’abstention de la coalition communistes-verts et des élus d’un petit parti animalier, tandis que le Bloc de gauche a voté contre aux côtés de l’opposition de droite. Les formations de la gauche antilibérale reprochent notamment à l’exécutif socialiste de ne pas aller plus loin dans l’inversion des mesures de rigueur budgétaire et d’assouplissement du code du travail, mises en œuvre par la droite entre 2011 et 2014, quand le Portugal était sous la tutelle de ses créanciers internationaux.
LQ/AFP