Le Parlement portugais a évité la démission du gouvernement socialiste minoritaire en rejetant vendredi les différents projets de l’opposition censés permettre aux enseignants de récupérer les promotions et hausses de salaire gelées pendant la crise.
Le Premier ministre Antonio Costa avait menacé vendredi dernier de démissionner si l’Assemblée votait la version finale d’un texte, adopté la veille par la commission parlementaire de l’Éducation grâce à une alliance inattendue des deux partis de droite avec les formations de la gauche radicale qui soutiennent l’exécutif. Pour le gouvernement ce texte aurait fait exploser le déficit budgétaire.
L’opposition de droite avait ensuite reculé en annonçant qu’elle ne maintiendrait son soutien à cette mesure que si elle était assortie de conditions réduisant sensiblement son impact sur les comptes publics. La gauche radicale, elle, avait refusé de faire marche arrière, condamnant le texte à échouer vendredi en séance plénière.
Antonio Costa a été accusé par ses adversaires d’avoir créé une crise « artificielle » en menaçant de démissionner afin de conforter l’avantage dont il est crédité dans les sondages en vue des élections européennes du 26 mai, puis des législatives prévues le 6 octobre. D’après les analystes, le chef du gouvernement a cherché à renforcer son image de gestionnaire responsable et séduire les électeurs du centre alors qu’il gouverne depuis 2015 grâce au soutien des partis situés à sa gauche, qui sont hostiles à la rigueur budgétaire exigée par Bruxelles.
Bénéficiant d’une embellie économique qui lui a permis de mettre fin à la sévère politique d’austérité du précédent gouvernement de droite tout en continuant d’assainir les finances publiques, l’exécutif a toutefois déçu les attentes qu’il avait lui-même nourries. Depuis la fin de l’année dernière, les mouvements de grève se succèdent au sein des différents corps de fonctionnaires. Leur principale plateforme syndicale, le Front commun des syndicats de la fonction publique, organisait vendredi à Lisbonne une manifestation pour réclamer des hausses de salaires et le dégel des carrières pour toutes les catégories de fonctionnaires.
LQ/AFP