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Portugal : la chute du gouvernement pro austérité précipitée


Le gouvernement de Pedro Passos Coelho est sur le point de rester dans l'histoire comme l'exécutif le plus éphémère du Portugal. (Photo AFP)

La gauche portugaise, unie pour la première fois en 40 ans de démocratie, s’apprête à faire chuter le gouvernement minoritaire de droite pour mettre un terme à sa politique d’austérité.

Longtemps considéré comme l’élève modèle de la zone euro prompt à appliquer la rigueur budgétaire réclamée par ses créanciers internationaux, le Portugal est entré à nouveau dans une zone de turbulences à l’issue incertaine. A peine onze jours après son entrée en fonction, le gouvernement de Pedro Passos Coelho est sur le point de rester dans l’histoire comme l’exécutif le plus éphémère du Portugal, battant le record détenu jusqu’ici par celui dirigé par Alfredo Nobre da Costa qui avait tenu 85 jours en 1978.

Victorieuse aux élections législatives du 4 octobre avec 38,6% des voix, la coalition de droite a toutefois perdu sa majorité absolue au sein d’un Parlement dominé par la gauche emmenée par le Parti socialiste, arrivé deuxième avec 32,3% des voix. Après des passes d’armes entre la gauche et la droite lundi, les débats au Parlement portugais ont repris mardi matin.

Motion de rejet

Fort du soutien des instances de son parti et de l’extrême gauche, le chef des socialistes Antonio Costa compte faire voter dans l’après-midi une motion rejetant le programme du gouvernement, ce qui entraînera automatiquement sa démission. Le Parti socialiste, le Bloc de gauche, proche de Syriza au pouvoir en Grèce, le Parti communiste et les Verts disposent ensemble de 122 députés sur 230, soit plus que la majorité requise pour renverser le gouvernement de Pedro Passos Coelho.

Pour y arriver, les partis rivaux de la gauche ont dû chercher, au moins temporairement, à gommer leurs divergences historiques qui avaient pourtant animé une campagne électorale sans concessions, marquée par de vifs échanges entre leurs chefs de file. Si le Parti socialiste a signé le traité d’adhésion du Portugal à l’Union européenne en 1985, ses futurs alliés n’ont jamais caché leur méfiance envers une Europe qui a, selon eux, contribué à appauvrir les Portugais en imposant des contraintes budgétaires démesurées.

Au sein même du Parti socialiste, des membres de son aile gauche se montrent sceptiques envers l’Europe : « le PS n’accepte pas l’Union européenne telle qu’elle est », a relevé lundi Pedro Nuno Santos, vice-président du groupe parlementaire socialiste. Si le programme de la gauche visant à redonner du pouvoir d’achat aux Portugais suscite certaines inquiétudes en Europe, on juge à Bruxelles que la situation au Portugal n’est pas comparable à celle de la Grèce après l’arrivée au pouvoir de Syriza, car Antonio Costa s’est engagé à « respecter les règles budgétaires européennes ».

AFP/A.P

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