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« Polluants éternels » : des analyses de sang en Belgique après la contamination d’eau potable


(photo d'illustration archives LQ)

La région belge de Wallonie (sud) va proposer aux habitants volontaires des analyses de sang gratuites afin de mesurer leur exposition à une possible contamination aux « polluants éternels » PFAS, a annoncé ce mardi la ministre régionale de l’Environnement Céline Tellier.

Cette responsable écologiste est dans la tourmente depuis la révélation la semaine dernière, dans une enquête de la chaîne RTBF, que les autorités régionales ont ignoré des avertissements sur la présence de PFAS à des taux anormalement élevés dans l’eau du robinet, dans plusieurs communes situées entre Ath et Mons.

Selon l’enquête, de l’eau consommée entre l’automne 2021 et le printemps 2023 par des milliers de Wallons présentait une concentration en PFAS supérieure – parfois jusqu’à six fois – à 100 nanogrammes par litre, le seuil généralement cité comme référence en Europe et qui doit devenir en 2026 la norme à ne pas dépasser dans l’UE.

Les PFAS, composés poly- et perfluoroalkylés aux propriétés anti-adhésives et imperméables, largement utilisés par l’industrie, doivent leur surnom de « polluants éternels » au fait qu’ils sont très peu dégradables une fois dans l’environnement.

Des études scientifiques ont montré qu’en cas d’exposition prolongée, ils peuvent avoir de multiples effets néfastes sur la santé humaine, sur la fertilité, sur le développement du fœtus. Ils peuvent aussi favoriser les risques d’obésité ou certains cancers (prostate, reins et testicules).

Pendant des années

Face à l’inquiétude qui grandit en Wallonie, Céline Tellier a assuré lors d’une audition houleuse devant le Parlement régional à Namur que les valeurs mesurées dans l’eau du robinet étaient désormais « largement inférieures à la norme ». Elle a aussi rappelé que par « précaution » les habitants de sept communes dont Ath et Mons étaient invités à ne pas consommer les œufs et légumes de production locale.

L’alerte initiale sur la contamination de l’eau remonte à 2017. Une pollution due à l’usage de mousses anti-incendie et de produits de dégivrage des avions avait été mise en évidence sur une base de l’US Air Force à Chièvres, près d’Ath. L’armée américaine avait dès 2018 invité les militaires à ne consommer que de l’eau en bouteille. Mais les communes avoisinantes également desservies par un « puits » d’alimentation situé à Chièvres n’ont pas été informées et n’ont pu mettre en garde leurs administrés. La pollution aurait perduré pendant plusieurs années.

« À aucun moment, je n’ai reçu d’information de menace imminente sur la santé », a affirmé ce mardi Céline Tellier, en fonction depuis septembre 2019, à propos des mesures alarmantes évoquées par la RTBF.

Celles-ci ont été transmises par la société de distribution des eaux à l’administration régionale, qui les a répercutées en janvier 2022 dans un courriel à un collaborateur de Céline Tellier sans « aucun message d’alerte particulier », selon la ministre. Elle a toutefois estimé que ce collaborateur avait manqué de vigilance et il a été remercié.

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