Les espoirs s’amenuisent jeudi pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza dévastée, où la guerre entre Israël et le Hamas palestinien ne pas connaît pas de répit, en dépit de la pression des États-Unis pour arracher un accord aux belligérants.
Après plus de dix mois d’une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien assiégé, de nouvelles négociations entre Israël et les médiateurs, américain, qatarien et égyptien est en principe prévu cette semaine au Caire.
Après une tournée au Moyen-Orient de son secrétaire d’État Antony Blinken qui n’a pas permis de percée, le président américain Joe Biden a « souligné l’urgence de finaliser un accord sur un cessez-le-feu et une libération des otages », dans un échange mercredi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Mais le bureau de Benjamin Netanyahu a fait savoir que ce dernier insistait pour atteindre « tous les objectifs de la guerre », déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre durant laquelle des otages ont été emmenés à Gaza.
« Cela requiert de sécuriser la frontière sud » de Gaza avec l’Égypte, a-t-il dit, en allusion à une bande de terre le long de la frontière appelée « couloir de Philadelphie ».
Cette condition d’Israël est rejetée par le mouvement islamiste, qui a accusé les États-Unis de l’avoir intégrée dans leur dernière proposition de compromis, annoncée la semaine dernière sans que ses détails soient rendus publics.
« Fils unique »
Durant sa tournée, Antony Blinken a souligné l’opposition américaine à une « occupation à long terme de Gaza par Israël » après avoir affirmé que Benjamin Netanyahu avait accepté le projet américain et appelé le Hamas à faire de même.
Selon le quotidien israélien Yedioth Ahronoth, Antony Blinken a fait un faux pas en disant que Benjamin Netanyahu l’avait accepté. Le coordinateur de la Maison-Blanche pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, a été dépêché au Caire pour trouver une issue à la question du « couloir de Philadelphie ».
« Les informations selon lesquelles le Premier ministre a accepté qu’Israël se retire du corridor de Philadelphie sont inexactes », a dit David Mencer, porte-parole du gouvernement israélien.
Le Hamas insiste sur l’application, en l’état, d’un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden, qu’il avait accepté. Il prévoit une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d’otages, puis, dans une deuxième phase, un retrait total israélien du territoire.
Pour les États-Unis, un cessez-le-feu à Gaza aiderait à éviter un embrasement au Moyen-Orient, après des menaces de l’Iran et de ses alliés — Hamas et Hezbollah libanais – de riposter à l’assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh le 31 juillet à Téhéran.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1 199 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée.
Mercredi, les parents d’un otage israélo-américain, Hersh Goldberg-Polin, retenu à Gaza, se sont exprimés à la convention démocrate à Chicago. « Parmi les otages, il y a huit citoyens américains. Et l’un d’entre eux est notre fils unique », a déclaré sa mère, Rachel, en sanglots.
« La mort, seule certitude »
Israël a juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu’il considère comme terroriste, de même que les États-Unis et l’Union européenne.
Son armée a lancé en riposte une campagne de bombardements aériens suivie d’une offensive terrestre à Gaza qui ont fait au moins 40 265 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas qui ne détaille pas le nombre de civils et combattants tués. Mais d’après l’ONU, la plupart des morts sont des femmes et des mineurs.
Dans la bande de Gaza, où les quelque 2,4 millions d’habitants sont confrontés à un désastre humanitaire, l’armée israélienne a dit avoir « démantelé des dizaines de sites terroristes » et « éliminé plus de 50 terroristes ».
Selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile à Gaza, cinq corps ont été retirés des décombres d’une maison à Khan Younès (sud) touchée par une frappe israélienne. Des témoins ont fait état de bombardements dans le centre et le sud de Gaza, ainsi que des affrontements entre armée et combattants palestiniens dans le nord.
« La mort semble être la seule certitude » pour les habitants de Gaza sans « aucun endroit sûr » à l’abri des bombardements israéliens, a dit mardi une porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Louise Wateridge, durant une mission dans le territoire palestinien.