Une enquête judiciaire a été ouverte dimanche après la diffusion de vidéos montrant un homme au visage ensanglanté se faire frapper au sol par un policier lors de son interpellation en marge de la manifestation des gilets jaunes samedi, a fait savoir le parquet de Paris.
L’enquête du parquet a été ouverte pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » et confiée à l’IGPN, la police des polices. « Le préfet de police a demandé à la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de faire toute la lumière sur cette action », a déclaré la préfecture de police. Une « enquête administrative interne a été confiée au service d’évaluation et de contrôle » afin « de faire toute la lumière sur cette action », a-t-elle ajouté.
D’après les images diffusées sur les réseaux sociaux, le manifestant est allongé au sol devant l’armurerie de la gare de l’Est, le visage ensanglanté, quand le policier qui le maintient lui assène au moins deux coups de poing.
allo @Place_Beauvau – c’est pour un signalement – 870
Manifestant maîtrisé, au sol, puis frappé à terre.
Paris, secteur Gare de l’Est, #Acte62, 18 janvier 2020, vers 14h. Source: Pat Ricia sur https://t.co/MANxKPtEQE pic.twitter.com/bfGmG30h4t
— David Dufresne (@davduf) January 18, 2020
Sur un autre angle de la scène, filmée par l’AFPTV autour de 14h30, l’homme, couché sur le ventre et déjà menotté, crie de douleur quand le policier lui appuie son genou sur le bras.
Voici un autre angle de l’interpellation, filmé par l’AFPTV autour de 14h30 #AFP pic.twitter.com/zrjeteRfx3
— Agence France-Presse (@afpfr) January 19, 2020
Rappel à l’ordre
Quelques milliers de manifestants ont défilé samedi après-midi à Paris, à l’appel des gilets jaunes, en scandant des slogans anti-Macron, anti-policiers ou contre la réforme des retraites. Au total, 60 personnes ont été interpellées, dont 45 placées en garde à vue, selon les autorités, lors de ce rassemblement marqué par des tensions avec les forces de l’ordre.
Ces nouvelles enquêtes, judiciaire et administrative, sont ouvertes alors que l’exécutif a changé de ton face aux violences policières. Mardi, le président de la République a fait pression sur le ministère de l’Intérieur en réclamant des « propositions » rapides « pour améliorer la déontologie » des forces de l’ordre. La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner avait consacré une bonne partie de ses vœux à la Police nationale au devoir « d’exemplarité » et à l’éthique. Des déclarations qui ont braqué des policiers sous pression après des mois de manifestations et de mouvement des gilets jaunes, émaillés de nombreuses violences.
A Paris, au moins trois enquêtes judiciaires ont été ouvertes pour des violences policières commises le 9 janvier lors de la manifestation contre la réforme des retraites, dont un tir de LBD à bout portant. Le 6 décembre, une autre enquête avait été initiée sur la base de vidéos montrant deux policiers frappant une personne au sol lors de la manifestation de la veille contre cette réforme.
LQ/AFP