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Pakistan : la police échoue à arrêter l’ex-Premier ministre


C’est la seconde fois ce mois-ci que la police tente d’arrêter Imran Khan, visé par un mandat d’arrêt dans le cadre de ventes de cadeaux diplomatiques. L’ex-Premier ministre crie au complot. (photo AFP)

La police a à nouveau tenté d’arrêter l’ancien Premier ministre Imran Khan, mardi, avant de renoncer mercredi, après de violents affrontements avec ses partisans.

C’est la seconde fois ce mois-ci que des policiers ont été dépêchés depuis la capitale Islamabad au domicile de l’ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan, à Lahore, pour exécuter un mandat d’arrêt, après qu’il se fut soustrait à plusieurs assignations à comparaître au tribunal, invoquant des raisons de sécurité. Le politicien, ancienne star de cricket, a été renversé en avril 2022 par une motion de censure et est confronté depuis à une multitude de procédures judiciaires et est visé par un mandat d’arrêt.

Mardi, des partisans d’Imran Khan ont tenté d’empêcher des policiers d’arrêter l’ex-Premier ministre à son domicile, situé dans la banlieue cossue de Zaman Park. La police antiémeute a utilisé des canons à eau pour les repousser. Dans la nuit, la situation a dégénéré et de violents affrontements ont éclaté.

Des témoins ont indiqué mercredi que les forces de sécurité qui tentaient depuis plusieurs heures d’arrêter l’ex-Premier-ministre ont finalement battu en retraite, après avoir abandonné une série de barrages routiers et de points de contrôle. Une ordonnance de la Haute Cour de Lahore a enjoint mercredi à la police de «mettre fin à l’opération immédiatement et de se retirer» en attendant le résultat d’une audience à Islamabad concernant le mandat d’arrêt contre Imran Khan.

«La police et les gardes envoyés pour nuire à Imran Khan ont été repoussés par le peuple», a posté de son côté le parti d’Imran Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice) sur son compte Twitter. «La façon dont la police s’en prend à notre peuple est sans précédent», a condamné dans la foulée Imran Khan, qui reste très populaire et espère revenir au pouvoir lors d’élections législatives prévues d’ici octobre. «Il est clair que la revendication d’une arrestation n’était qu’une mise en scène, car l’intention réelle est d’enlever et d’assassiner», a-t-il affirmé.

«La raison (de cette procédure) n’est pas que j’ai enfreint une loi. Ils me veulent en prison pour que je ne puisse pas participer aux élections», a-t-il déclaré. «Cette arrestation par la force n’a rien à voir avec l’État de droit», a dénoncé l’ex-Premier ministre, déplorant la «loi de la jungle».

Ses avocats assurent qu’il a bénéficié d’une libération sous caution. «Le dirigeant du PTI n’a pas de remise en liberté sous caution pour cette affaire particulière», a souligné Muhammad Taqi Jawad, porte-parole de la police d’Islamabad. L’équipe juridique d’Imran Khan a été invitée à s’adresser à une juridiction inférieure pour demander la suspension du mandat d’arrêt de son client. Elle doit aussi s’engager à ce que l’ancien Premier ministre se présente en personne lors d’une audience qui aura lieu samedi.

Cadeaux diplomatiques

Imran Khan, 70 ans, a été convoqué au tribunal pour répondre aux accusations selon lesquelles il n’aurait pas déclaré l’ensemble des cadeaux diplomatiques reçus sous son mandat et aurait gagné de l’argent en revendant certains d’entre eux. Imran Khan se considère «au-dessus de la loi», a estimé son successeur, Shehbaz Sharif, en s’adressant à des journalistes. «Il défie tous les tribunaux du pays. C’est de la provocation pure et simple», a-t-il déploré.

Depuis son éviction, Imran Khan fait pression sur le gouvernement de Shehbaz Sharif en multipliant les grands rassemblements. Il a également dissous les deux assemblées provinciales contrôlées par son parti pour tenter d’obtenir des élections anticipées auxquelles le gouvernement se refuse. En novembre, l’ancienne star de cricket a été blessée par balle à la jambe lors d’un rassemblement politique. Une tentative d’assassinat qu’il a attribuée à Shehbaz Sharif.

Ces événements se déroulent dans un contexte tendu : le pays, qui compte plus de 220 millions d’habitants, est en proie à de graves difficultés économiques avec une inflation galopante, des réserves de change insuffisantes et un enlisement des négociations avec le Fonds monétaire international. La situation sécuritaire se détériore également avec une série d’attaques meurtrières visant la police, liées aux talibans pakistanais.

«L’impasse de Lahore illustre combien l’état du pays s’est dégradé», a déclaré Tauseef Ahmed Khan, analyste politique et militant des droits humains. «D’une part, il s’agit d’un échec de la police et des forces de l’ordre. D’autre part, il s’agit d’une nouvelle tendance dans la politique sud-asiatique : un dirigeant politique défie l’arrestation en utilisant ses collaborateurs et ses partisans», a-t-il ajouté.

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