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Ouragan Harvey : double explosion dans une usine chimique du Texas


La catastrophe était redoutée. "Nous nous préparons à Crosby à ce que nous estimons être un scénario du pire", avait indiqué mercredi le PDG de la filiale américaine du groupe. (photo AP)

Deux explosions et des émanations de fumée noire sont survenues dans l’usine chimique d’Arkema à Crosby, au Texas, inondée après des pluies diluviennes déversées par la tempête Harvey, a annoncé l’entreprise jeudi.

« Vers deux heures du matin heure locale, il nous a été notifié par le Centre d’opérations d’urgence du comté de Harris deux explosions et des fumées noires provenant de l’usine Arkema à Crosby », a fait savoir le groupe dans un communiqué. Les autorités avaient auparavant fait évacuer un périmètre de 3 km autour de l’usine, qui fabrique des peroxydes organiques, un composé qui rentre dans la fabrication de plastiques et de produits pharmaceutiques.

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La catastrophe était redoutée. « Nous nous préparons à Crosby à ce que nous estimons être un scénario du pire », avait indiqué mercredi Kenneth Rowe, le PDG de la filiale américaine du groupe. Noyée sous 1,80 mètre d’eau et privée d’électricité, l’usine avait perdu ses capacités de réfrigération des matériaux, confrontés en conséquence à un risque d’explosion et d’incendie. « Les peroxydes organiques sont extrêmement inflammables et, en accord avec les autorités, la meilleure chose à faire est de laisser l’incendie s’éteindre de lui-même », a expliqué Arkema. « La population locale doit savoir que les produits sont stockés dans plusieurs endroits sur le site, et le risque de nouvelles explosions existe. Ne retournez pas dans la zone évacuée avant que les services de secours locaux n’aient annoncé qu’il est possible de le faire en toute sécurité », a ajouté le groupe.

De nouveaux incendies chimiques étaient à craindre, a indiqué un responsable du groupe chimique français. Richard Rennard, qui dirige l’une des branches du groupe Arkema, a expliqué que ces incendies produisaient une fumée irritante pour les yeux ou les poumons. Il reste sur le site huit conteneurs avec le produit qui va se dégrader et brûler en raison de la très forte chaleur provoquée par le processus chimique. « C’est nocif, c’est certainement nocif », a averti Richard Rennard, sans autre précision. Le shérif du comté de Harris a pour sa part expliqué que respirer ces émanations revenait à inhaler la fumée d’un barbecue.

41 trillions de litres d’eau

Trente-trois personnes ont déjà trouvé la mort depuis que le sud du Texas a été frappé vendredi soir par des pluies torrentielles, qui ont provoqué l’évacuation de dizaines de milliers de personnes. Le décès de dix personnes a été confirmé dans plusieurs comtés du sud-est du Texas, tandis que 23 décès supplémentaires « sont potentiellement liés à Harvey », a annoncé le bureau des médecins légistes de Harris, le comté qui comprend la ville de Houston. L’Amérique a été ébranlée par la macabre découverte de six membres d’une même famille, portés disparus depuis dimanche, et retrouvés morts dans leur camionnette submergée mercredi. Parmi eux se trouvaient quatre enfants, âgés de six à 16 ans, qui étaient accompagnés de leurs arrière-grands-parents.

« Nos pires peurs se sont réalisées », a annoncé le shérif du comté d’Harris Ed Gonzalez lors d’une conférence de presse. Alors que l’eau commence à se retirer à Houston, après que 41 trillions de litres se sont abattus en cinq jours sur l’État du Texas, les autorités craignent maintenant de retrouver d’autres corps de personnes coincées par la montée des eaux. La Maison Blanche a annoncé que le vice-président Mike Pence se rendrait jeudi au Texas pour rencontrer des personnes évacuées, chose que le président Donald Trump n’a pas faite lors de sa visite mardi.

Outre les pertes humaines, l’État est concerné par les dégâts matériels causés par Harvey, qui pourraient s’élever entre 30 et 100 milliards de dollars, selon l’agence Bloomberg.

Le Texas, importante région pétrolière, craint également de voir son économie handicapée, alors que 15 raffineries de la région, comptant pour 20,9% des capacités totales de raffinage aux États-Unis, étaient fermées ou en cours de fermeture mercredi. Malgré tout, la métropole de Houston tente quand même de reprendre une vie normale, puisqu’elle a annoncé que plusieurs services municipaux, comme le métro et la collecte des ordures, reprendraient dans plusieurs quartiers jeudi. Certains résidents ont commencé à quitter les abris pour rentrer chez eux, et le nombre de personnes privées d’électricité a également été réduit à 59 000. Plusieurs autoroutes ont également rouvert à la circulation, tout comme les deux principaux aéroports de la ville.

Le Quotidien/AFP