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Deux Conseils décisifs

Le mois d’octobre s’annonce crucial sur le front européen avec le Conseil européen – qui réunit les chefs d’État et de gouvernement – des 19 et 20 octobre et le Conseil des ministres des Affaires sociales du 23 octobre. Au menu du premier figureront le Brexit ainsi que la volonté portée par Emmanuel Macron d’une «relance» du projet européen. Le second verra l’épineux dossier de la révision de la directive sur le travail détaché – un autre cheval de bataille du président français – être mis à l’ordre du jour.

Sur le travail détaché, Macron va devoir diviser les pays de l’Est pour obtenir une majorité qualifiée (55 % des États représentant 65 % de la population de l’UE). La Pologne, avec ses 38 millions d’habitants, s’oppose farouchement à tout durcissement d’une directive datant de 1996 et donc bien antérieure à son adhésion à l’UE en 2004. Et quoi que l’on pense du gouvernement nationaliste de Varsovie, sa position est compréhensible. Pourquoi modifier un texte dont les Polonais tirent profit ? Est-ce de la faute de Varsovie si les pays de l’Ouest n’ont pas anticipé que l’élargissement à l’Est encouragerait le dumping social au vu du «retard» économique des anciens pays communistes ? Si les attaques concernant la dérive autoritaire du gouvernement de Varsovie sont justifiées, sur ce dossier, traiter avec un peu plus d’égards un pays dont l’importance dans l’UE n’ira qu’en s’accroissant avec le départ du Royaume-Uni aurait été peut-être plus judicieux.

Quant à la relance plus globale de l’Europe, la tâche s’annonce encore plus ardue. Difficile en effet de convaincre les 27 d’avancer dans la même direction, d’où l’idée d’une «Europe à plusieurs vitesses». L’approfondissement de la zone euro serait un petit pas dans cette direction. Mais même au sein de la «coalition de bonnes volontés» qui s’est esquissée mardi à Senningen, les divergences sont réelles, comme en témoigne le peu d’enthousiasme de Xavier Bettel pour une harmonisation fiscale dans la zone euro que Macron appelle de ses vœux.

L’UE est le fruit d’une utopie, nous saurons d’ici la fin octobre si cette utopie est amenée à faire du surplace ou à retrouver un nouveau élan.

Nicolas Klein

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