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Malgré un accord, l’Iran a transféré de l’uranium vers la Russie


Le secrétaire d'Etat américain John Kerry à Washington le 16 décembre 2015. (Photo : AFP)

L’Iran a transféré lundi une importante cargaison d’uranium faiblement enrichi vers la Russie, une étape cruciale de l’accord historique sur son programme nucléaire conclu avec les grandes puissances l’été dernier.

Les États-Unis ont salué cet accomplissement qualifié par le secrétaire d’État américain John Kerry de «progression importante» vers la mise en oeuvre de l’accord destiné à empêcher Téhéran de se doter de l’arme atomique.

Le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé cette expédition, tout comme le chef du programme nucléaire iranien Ali Akbar Salehi qui a indiqué à l’agence de presse Isna que «le processus de transfert du combustible s’est déroulé».

Faisant référence à des sources iraniennes et russes non identifiées, Isna a précisé que «la quantité d’uranium transféré en Russie dépassait 8,5 tonnes et l’Iran a reçu en échange environ 140 tonnes d’uranium naturel». John Kerry a évoqué le transfert de 25 000 livres – un peu plus de 11 tonnes – de «matériaux d’uranium faiblement enrichi».

Cela comprend, selon lui, la totalité de l’uranium enrichi à 20% qui n’avait pas encore été assemblé sous forme de plaques de combustible à destination du réacteur de recherches de Téhéran. Le porte-parole du département d’Etat Mark Toner a précisé que la cargaison contenait différents types d’uranium faiblement enrichi, en particulier à 5 et 20%, des déchets métalliques et des plaques de combustible inachevées.

En vertu de l’accord conclu à Vienne en juillet entre l’Iran et le groupe P5+1 des grandes puissances mondiales, l’Iran s’est engagé à ne pas détenir plus de 300 kgs de ce matériau lors de l’entrée en vigueur de l’accord.

Ainsi, Téhéran ne dispose plus d’assez de combustible à enrichir aux niveaux nécessaires pour construire une arme atomique, ce qui allonge de ce fait à plus d’un an le «breakout time» (temps nécessaire pour produire suffisamment de matière fissile pour la fabrication d’une bombe atomique).

John Kerry a relevé que le transfert opéré lundi vers la Russie avait déjà triplé cette période, passée de deux à trois mois à six à neuf mois.

L’entrée en vigueur de l’accord, qui pourrait intervenir le mois prochain, sera déterminée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Cette dernière doit vérifier que l’Iran a rempli toutes ses obligations en la matière, ce qui devrait permettre la levée progressive des sanctions économiques liées à ce programme imposées par les États-Unis et d’autres pays.

L’AIEA n’avait pas de commentaire dans l’immédiat concernant l’expédition de lundi.

Recherches sur les armes

L’Iran a constamment nié avoir l’intention de fabriquer une bombe nucléaire, et l’AIEA a indiqué dans un récent rapport que Téhéran n’avait pas mené de recherches en la matière depuis 2009.

Mais le fait que l’Iran se soit intéressé au sujet dans le passé et que ses réserves d’uranium enrichi augmentaient ont suscité l’inquiétude, les grandes puissances craignant un déséquilibre des pouvoirs au Proche-Orient et une course à l’arme nucléaire dans la région.

Israël, ennemi de l’Iran, possèderait un arsenal nucléaire non déclaré et les riches pays arabes sunnites comme l’Arabie saoudite pourraient déverser des milliards de dollars pour combler leur retard. Ce qui représente une menace contre les efforts mondiaux de non-prolifération.

Washington a rappelé que Téhéran devait encore accomplir certaines étapes, notamment concernant son réacteur à eau lourde d’Arak. Le secrétaire d’Etat a promis que les Etats-Unis lèveraient leurs sanctions liées au programme nucléaire au premier jour de l’entrée en vigueur de l’accord.

Mais «nous resterons vigilants pour nous assurer que sa mise en oeuvre aboutit exactement à ce que nous cherchons à accomplir depuis le tout début de ces négociations, pour nous assurer que le programme nucléaire iranien a et continuera d’avoir exclusivement un but pacifique», a prévenu M. Kerry.

Il a également remercié le Kazakhstan pour son rôle – il a fourni l’uranium naturel reçu en échange par l’Iran -, ainsi que la Norvège qui a notamment participé au financement de l’opération de transfert.

AFP/M.R.

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