L’Ukraine a alerté jeudi sur une « pénurie de munitions » de son armée, au jour du lancement par ses alliés à Paris d’une coalition « artillerie » pour répondre à ses besoins criants, à l’approche du deuxième anniversaire du début de l’invasion armée russe.
Sur le terrain, l’armée russe a revendiqué jeudi la prise d’un village dans la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine où elle exerce une pression accrue depuis plusieurs semaines.
L’armée ukrainienne a de son côté attaqué un dépôt pétrolier du nord de la Russie dans la nuit à l’aide de drones, a indiqué jeudi une source sécuritaire ukrainienne.
« La pénurie de munitions est un problème très réel et pressant auquel nos forces armées sont actuellement confrontées », a déploré le ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumerov sur X (ex-Twitter), à l’occasion du lancement d’une « coalition artillerie » pilotée par la France et les États-Unis. « Nous devons renforcer les capacités de défense ukrainiennes pour protéger le monde libre contre le danger russe », a-t-il dit.
La « coalition » artillerie lancée jeudi est l’un des volets du groupe de contact pour la défense de l’Ukraine dit groupe de Ramstein, réunissant plus de 50 pays en plusieurs sous-groupes, du déminage à la défense aérienne.
« ll n’y a pas d’alternative à une artillerie moderne, nous devons continuer nos efforts et augmenter notre production de munitions », a déclaré en visioconférence le ministre ukrainien de la Défense lors de la cérémonie d’ouverture, à laquelle il a annulé sa venue « pour des raisons de sécurité ».
La France a proposé à cette occasion de « débloquer une somme de 50 millions d’euros » pour « acheter douze Caesar » supplémentaires – ce qui porterait à 67 le nombre de ces canons motorisés pour l’Ukraine – et annoncé qu’elle avait la capacité d’en produire 60 autres (à charge aux alliés de les financer).
« J’ai appelé @EmmanuelMacron pour remercier la France d’avoir lancé la coalition ‘artillerie’ pour l’Ukraine et de s’être engagée à produire des dizaines de ‘Caesar’ « , a déclaré le président Volodymyr Zelensky sur le réseau social X. Les deux dirigeants ont également discuté « de la nécessité de renforcer davantage la défense aérienne de l’Ukraine », visée presque chaque nuit par des drones et des missiles lancés par Moscou, a ajouté Volodymyr Zelensky.
I spoke with @EmmanuelMacron to thank France for launching the artillery collation for Ukraine and committing to produce dozens of “Caesars” and ammunition for them in 2024.
We discussed in detail the battlefield situation, Ukraine’s priority defense needs, including items for…
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) January 18, 2024
Kiev a déjà déployé 49 Caesar, produits par Nexter (groupe franco-allemand KNDS), et six autres seront livrés « dans les prochaines semaines », selon le ministère français des Armées.
La France a la capacité d’en produire 72 autres et est prêt à en financer douze, selon le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu.
Il en resterait 60 ainsi à financer, soit quelque 250 millions d’euros, « une somme qui me semble-t-il est accessible pour les différents budgets des alliés », a-t-il poursuivi devant les représentants de 23 pays soutenant la défense de l’Ukraine.
Trois fois plus de munitions livrées
Pour alimenter les canons, l’UE s’est donné pour objectif de fournir à l’Ukraine un million de munitions d’ici le printemps 2024. Mais seuls 300 000 obus ont été livrés à ce jour, selon des parlementaires européens.
Les Ukrainiens tirent entre 5 000 et 8 000 obus quotidiennement, contre entre 10 000 et 15 000 côté russe, avait souligné mercredi Cédric Perrin, président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat français, estimant que « la production nationale et européenne est extrêmement faible, (…) pas à la hauteur des attentes » ukrainiennes.
Côté français, Sébastien Lecornu a insisté jeudi sur le triplement des livraisons de munitions françaises à l’Ukraine, passées de 1 000 unités par mois à 2 000 durant la première année de guerre, et qui devraient grimper à 3 000 obus à partir de janvier. « On est en train de remettre la main sur des stocks de poudre. On recycle des poudres sur des munitions qui n’ont pas été utilisées », a-t-il déclaré à des journalistes.
Le ministre a aussi annoncé la livraison d’une cinquantaine de kits de guidage air-sol A2SM par mois à partir de janvier, durant toute l’année. De moyenne portée, ils peuvent être adaptés sur des avions « de classe soviétique » comme des Mig et des Sukhoï, que l’Ukraine utilise, a-t-il assuré.
Macron en Ukraine
La France a déjà cédé ou vendu 30 Caesar à l’Ukraine qui en avait commandé six supplémentaires à l’automne. Le Danemark a également fourni 19 exemplaires d’une version blindée à huit roues. Monté sur camion, le Caesar peut tirer des obus de 155 mm à 40 kilomètres de distance.
Emmanuel Macron a annoncé mardi qu’il se rendrait en février en Ukraine, pour la deuxième fois depuis le début de la guerre en février 2022. La France est « en train de finaliser un accord » de sécurité avec Kiev du type de celui conclu vendredi entre le Royaume-uni et l’Ukraine sur dix ans, a-t-il ajouté, annonçant en outre de nouvelles livraisons d’une « quarantaine » de missiles Scalp et de centaines de bombes.
Paris a par ailleurs démenti jeudi avoir déployé des « mercenaires » en Ukraine, en réaction aux affirmations de Moscou qui assure avoir visé mardi un bâtiment abritant des « mercenaires français » à Kharkiv (nord-est).
Quand on veut faire la guerre et qu on esr a court de munitions …la suite logique esr qu on s arrete.