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L’UE veut ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Albanie et la Macédoine


Jean-Claude Juncker a écouté les arguments de Federica Mogherini, mardi à Strasbourg. (photo AFP)

La Commission européenne a proposé mardi aux États membres de l’UE d’ouvrir les négociations pour une adhésion de l’Albanie et de la Macédoine, a annoncé la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

« La Commission européenne propose que le Conseil (représentant les États membres) décide d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Albanie et l’ancienne république yougoslave de Macédoine », a déclaré Federica Mogherini, au cours d’une conférence de presse à Strasbourg où le Parlement européen est réuni en session plénière.

« La décision se fonde sur une évaluation de progrès réalisés par ces deux pays sur les recommandations faites en 2016 et un examen des mesures mises en œuvre par Tirana et Skopje », a expliqué la commissaire. « Cette décision est un message d’encouragement à ces pays de poursuivre les réformes », a-t-elle plaidé. « Il reviendra aux 28 États membres de l’UE d’évaluer les progrès réalisés et de prendre une décision », a-t-elle conclu.

« Il y a encore des réticences dans les États membres à accepter de nouveaux membres », a néanmoins reconnu le commissaire autrichien Johannes Hahn, responsable de la politique d’intégration européenne. « Dans mon pays, l’Autriche, la majorité de la population est contre », a-t-il souligné. « Nous devons expliquer les avantages de l’élargissement et de l’intégration des pays des Balkans occidentaux. »

La Bosnie-Herzégovine et le Kosovo aussi ?

L’UE a démarré des pourparlers d’adhésion avec la Serbie début 2014 et avec le Monténégro en 2012. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait estimé en novembre 2017 penser que ces deux pays seraient membres de l’Union européenne « avant 2025 ». Mais de sérieux problèmes bloquent toujours la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo, son ancienne province dont la déclaration d’indépendance unilatérale n’est pas reconnue par cinq pays membres de l’UE : l’Espagne, la Grèce, Chypre, la Slovaquie et la Roumanie.

Deux autres pays de l’ex-Yougoslavie sont concernés par la perspective d’une adhésion à l’UE : la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo. « Des progrès sont encore nécessaires » pour ces deux pays, a précisé Federica Mogherini.

Un sommet européen avec les pays des Balkans occidentaux est prévu le 17 mai prochain à Sofia. Pour aider ces pays, la Commission européenne a élaboré une stratégie politico-économique dotée de financements ciblés. Six initiatives sont identifiées : sécurité et migrations, réconciliation, État de droit, transports et énergie, numérique ainsi que les relations de bon voisinage.

Du potentiel et des obstacles

Petit pays enclavé, pauvre, la Macédoine tente depuis un quart de siècle de faire reconnaître son nom, disputé par la Grèce, un différend qui a longtemps bloqué ses négociations avec l’UE. Plusieurs capitales, dont Washington, Moscou et Pékin, reconnaissent toutefois ce nom. Athènes et Skopje ont récemment repris le dialogue avec une volonté affichée de trouver un accord. Un réchauffement qui a levé un obstacle pour les discussions d’adhésion.

L’Albanie, quant à elle, est un pays profondément attaché à l’Europe, dont les habitants ont été séparés pendant des siècles d’occupation ottomane puis une dictature communiste autarcique. Mer, montagne, rivières, sites antiques ou ottomans, bunkers communistes transformés en restaurants, gastronomie riche : le pays, qui compte 2,9 millions d’habitants, a séduit 4,6 millions de visiteurs en 2016, selon le ministère du Tourisme. Un potentiel d’essor qui reste néanmoins sous-exploité, par la faute d’infrastructures hôtelières et routières insuffisantes.