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L’Europe en pleine pandémie célèbre les 75 ans de la fin de la guerre


Des soldats ukrainiens et russes saluent le monument aux morts du cimetière de l'armée rouge à Berlin. (Photo / AFP)

L’Europe commémore vendredi sans grande pompe, pour cause de coronavirus, la fin de la Seconde Guerre mondiale il y a 75 ans, mais Berlin marque le coup en célébrant pour la première fois l’événement.

D’ordinaire, l’Allemagne ne célèbre pas les anniversaires du 8 mai 1945, date de la capitulation du régime nazi face aux Alliés. Cette fois, la ville de Berlin a décidé de déclarer férié ce jour synonyme de défaite mais aussi de libération du national-socialisme et des camps de concentration. Du jamais-vu. A l’origine, le chef de l’Etat Frank-Walter Steinmeier avait prévu d’organiser une grande cérémonie officielle allemande, avec 1.600 invités, mais a dû annuler en raison de la pandémie. Une telle célébration pour le 8 mai n’avait eu lieu qu’une fois en Allemagne, en 1995. A la place, il déposera avec la chancelière Angela Merkel une gerbe de fleurs à la mémoire des victimes de la guerre et de l’Holocauste, qui a coûté la vie à 6 millions de Juifs, et prononcera un discours en milieu de journée.

Un geste symbolique en forme de rappel à l’ordre dans un pays qui connaît une résurgence de l’antisémitisme et où le devoir de mémoire est régulièrement remis en cause par le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), entré il y a trois ans au parlement. Son chef de file Alexander Gauland, qui a déjà fait scandale en qualifiant la période hitlérienne entre 1933 et 1945 de « pipi de chat » dans la « grande histoire » allemande, a déclenché de nouveau une controverse autour du 8 mai.

L’AfD enflamme la polémique

Il a critiqué la célébration selon lui d’une « défaite absolue » pour le pays, caractérisée par la perte pour l’Allemagne d’autonomie pour « façonner son avenir ». Pour l’Afd, le jour est « ambivalent », car il signifie aussi la perte de territoires en Europe orientale et la mort de centaines de milliers de civils allemands lors des bombardements alliés. « Les Allemands sont ainsi présentés surtout comme des victimes », a réagi le président du conseil des Juifs en Allemagne Josef Schüster. « Je trouve qu’il s’agit d’une relativisation historique irresponsable des crimes nazis », s’est-il offusqué.

La position de l’AfD a aussi été fermement condamné par les autres formations politiques allemandes. « Nous connaissons les leçons de notre lourde histoire. De la haine est née la dictature, et la dictature a conduit à la guerre », a notamment déclaré la secrétaire d’Etat à la Culture Monika Grütters.

Pas de parade militaire à Moscou

Ailleurs en Europe, la pandémie du coronavirus a aussi contrarié les projets initiaux de célébrations de l’anniversaire. A Moscou, où le « jour de la Victoire » est fêté le 9 mai, le grand défilé militaire sur la Place Rouge auquel étaient invités des dizaines de dignitaires étrangers, dont le président français Emmanuel Macron, a été reporté au nom de la sécurité sanitaire, seule la partie aérienne étant maintenue.

Le président Vladimir Poutine doit s’adresser aux Russes qui attendent surtout des décisions pour l’après 11 mai, quand s’achève le confinement décrété depuis plus d’un mois pour empêcher la propagation du coronavirus. A Londres, la reine Elisabeth II s’exprimera vendredi aux Britanniques dans un message aux Britanniques diffusé sur BBC One à 20H00 GMT, soit « l’heure exacte où son père le roi George VI s’était exprimé à la radio en 1945 », a indiqué un communiqué du gouvernement. En raison de la pandémie, les fêtes de rue et autre processions de vétérans ont dû être annulées. A la place, le gouvernement encourage la population à célébrer à la maison, en leur proposant des idées de jeux ou de recettes de cuisine.

Cérémonies restreintes en France aussi, où Emmanuel Macron doit déposer une gerbe devant la statue du Général de Gaulle à Paris, puis devant la tombe du Soldat inconnu.

 

LQ / AFP