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Lesbos : l’Allemagne réclame en « urgence » une politique migratoire commune


Un incendie a ravagé le camp de migrants de Lesbos, l'un des plus grands d'Europe, ce mercredi (Photo : AFP).

L’Europe doit de manière « urgente » parvenir à une avancée vers une politique migratoire commune, a réclamé mercredi l’Allemagne, qui préside l’Union européenne, après l’incendie qui a ravagé le camp de réfugiés de Lesbos en Grèce.

« La Grèce a désormais besoin de notre soutien et solidarité, nous avons besoin de manière urgente d’un programme d’accueil commun de la part du plus grand nombre possible d’Etats de l’UE et enfin d’une politique migratoire et d’asile commune », a déclaré le secrétaire d’Etat aux affaires européennes Michael Roth.

Le chef de la diplomatie allemande veut remettre à plat la politique (ou plutôt l'absence de...) migratoire de l'UE (Photo : AFp).

Le chef de la diplomatie allemande veut remettre à plat la politique (ou plutôt l’absence de…) migratoire de l’UE (Photo : AFP).

Des milliers de migrants sur l’île grecque de Lesbos se sont retrouvés mercredi sans abri après un énorme incendie qui a ravagé au petit matin Moria, le plus grand et sordide camp de réfugiés de Grèce, où ils s’entassaient.

Ce drame a relancé le débat sur l’accueil des demandeurs d’asile en Europe, au sujet du quel les pays de l’UE se déchirent.

Priorité

Le dossier fait désormais plus que jamais partie des priorités de l’Allemagne durant sa présidence semestrielle des 27.

Même s’il juge « sportif » d’arriver à un compromis sur une réforme d’ici la fin de l’année, M. Roth a affirmé que l’Allemagne était « décidée à progresser enfin de façon substantielle », lors de cet entretien réalisé de manière commune lundi et mercredi à Berlin avec son homologue français Clément Beaune.

Le responsable allemand a regretté l’incapacité jusqu’ici des 27 à s’accorder sur une politique commune, cinq ans après l’afflux de centaines de milliers de migrants.

« Nous n’avons hélas pas progressé comme la situation mondiale, mais aussi la situation migratoire en Europe, l’exigerait », a-t-il admis.

L’Europe se trouve désormais plus que jamais pressée d’avancer sur le dossier, alors que la Commission européenne doit présenter à la fin du mois une proposition très attendue, et plusieurs fois repoussée, d’un nouveau Pacte sur la migration et l’asile.

« Il est temps d’agir », a twitté mercredi l’eurodéputé roumain Dacian Ciolos, président du groupe Renew Europe (libéraux et centristes), prônant « une approche nouvelle, complète et véritablement européenne de la migration et de l’asile, basée sur la solidarité ».

Du côté des ONG, le Conseil grec pour les réfugiés a appelé à un « revirement » de la politique de la Grèce et de l’UE sur les réfugiés, qui a « clairement échoué », tandis qu’Oxfam a déploré « des années d’errement de l’UE et de ses Etats membres dans leur réponse » à l’arrivée de migrants.

Débat « très difficile »

« Sur la migration, il est clair que la solution ne peut être qu’européenne et nous n’avons pas assez avancé sur ce sujet », a jugé Clément Beaune, ajoutant que le débat restait « très difficile ».

Même si la pandémie du coronavirus l’a fait passer au second plan, la crise reste aiguë pour les pays tels que la Grèce ou l’Italie.

Il y a cinq ans, un grand nombre des réfugiés avaient trouvé refuge en Allemagne: plus d’un million entre 2015 et 2016.

Le flux s’est depuis nettement réduit, surtout grâce à un accord fragile avec la Turquie du controversé Recep Tayyip Erdogan visant à les empêcher, en échanges d’aides financières, de rejoindre l’Europe.

La réforme de la politique migratoire en Europe a jusqu’à présent essentiellement achoppé sur la question de la répartition des demandeurs d’asile, que refusent de se voir imposer des pays comme la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie notamment.

Pour M. Beaune, le débat au sein des 27 a toutefois beaucoup « progressé politiquement, au sens où nous savons qu’il faudra un mécanisme de solidarité au niveau européen qui devra être obligatoire dans son principe », a-t-il assuré.

« Chaque Etat membre doit avoir une contribution à la solidarité européenne », a-t-il insisté.

Pour lui, la réforme de la législation migratoire européenne devra aussi comporter la poursuite du renforcement de la protection des frontières extérieures et une « capacité de retour plus rapide pour ceux qui n’ont pas droit à l’asile en Europe ».

AFP

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asselborn

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