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Les restrictions se multiplient face à la pandémie, qui dépasse 650 000 morts


Ce sont 652 739 personnes qui sont décédées du Covid-19, selon le dernier bilan établi ce mardi matin. (photo AFP)

Restrictions de voyage en Europe, « bulle de contact » rétrécie en Belgique, plages fermées le soir en France, déplacements restreints au Maroc : de nombreux pays durcissent leurs mesures sanitaires pour tenter de freiner la pandémie, qui a franchi la barre des 650 000 morts.

En Chine, où l’épidémie avait été largement endiguée sept mois après l’apparition du virus, les autorités ont annoncé mardi que des porteurs du coronavirus venus d’un foyer d’infection dans le nord-est du pays ont diffusé le Covid-19 dans cinq provinces dont la capitale, Pékin. Face à une épidémie qui semblait avoir été maîtrisée grâce à l’instauration de confinements stricts au printemps, les craintes sont vives de voir apparaître une seconde vague aux enjeux économiques et sociétaux potentiellement désastreux.

L’Institut allemand d’épidémiologie et de veille sanitaire Robert-Koch (RKI) s’est alarmé mardi de l’augmentation des nouvelles infections de cas de Covid-19 dans le pays depuis plusieurs jours, source de « grandes inquiétudes ».

Évoquant une recrudescence « préoccupante » des cas, la Belgique, l’un des pays qui compte le plus de morts du Covid-19 par rapport à sa population (85 pour 100 000 habitants), a annoncé pour sa part un nouveau durcissement des mesures. À partir de mercredi, le nombre de personnes que les Belges sont autorisés à voir de façon rapprochée et régulière dans le cadre de leur « bulle de contact » sera abaissé de 15 à 5 personnes, par foyer, pour les quatre prochaines semaines. « Prendre ces mesures difficiles (…) n’est pas un choix facile. C’est surtout un devoir », a souligné la Première ministre belge Sophie Wilmès. « Il est indispensable de freiner l’épidémie maintenant, afin que nous puissions éviter des scénarios plus difficiles ».

Également inquiètes d’un rebond des contaminations, les autorités françaises ont ordonné la fermeture de lieux de rassemblement comme les plages, les parcs et les jardins publics la nuit dans la ville touristique de Quiberon, sur l’Atlantique. Le port du masque a été rendu obligatoire dans les rues fréquentées du centre-ville et sur les marchés, les autorités locales évoquant un « cluster sanitaire à risque de fort potentiel de transmission ».

État de « calamité publique » décrété en Bolivie

En Allemagne, les autorités vont imposer des tests de dépistage aux voyageurs revenant de régions à risques. Comme elles ont déconseillé les voyages non essentiels vers les régions espagnoles d’Aragon, de Catalogne et de Navarre en raison du « nombre élevé d’infections » de coronavirus.

Quant à la Grande-Bretagne, elle soumet depuis dimanche les passagers en provenance d’Espagne, deuxième destination touristique mondiale derrière la France, à une période d’isolement. Une mesure critiquée par Madrid, qui tablait sur la saison touristique et a riposté en assurant être un « pays sûr ». La pandémie a détruit plus d’un million d’emplois en Espagne au deuxième trimestre, en grande majorité dans les services et l’industrie touristique, selon les chiffres officiels publiés mardi.

La maladie a déjà fait 652 739 morts, selon le dernier bilan établi mardi. Les États-Unis restent le pays le plus endeuillé (146 968 décès) devant le Brésil (87 618), le Royaume-Uni (45 752), le Mexique (43 680) et l’Italie (35 112). L’administration américaine a de son côté annoncé la contamination du conseiller à la sécurité nationale Robert O’Brien, l’un des hommes les plus souvent en contact avec le président Trump.

En Amérique du Sud, où le tableau de l’épidémie reste sombre, la Bolivie a proclamé lundi l’état de « calamité publique » dans tout le pays. La présidente par intérim, Jeanine Anez, a pour sa part annoncé qu’elle était guérie d’une forme asymptomatique du coronavirus et qu’elle était en mesure de retourner au travail. En Argentine, la barre des 3 000 décès a été franchie lundi et le pays réfléchit à un possible renforcement des mesures de confinement.

Une fin de vie sans les proches

Au Maroc, la décision subite du gouvernement d’introduire de sévères restrictions de déplacements dimanche soir face au risque de propagation du coronavirus, a provoqué des scènes de chaos.

Saluée par certains professionnels de santé, l’adoption de mesures restreignant les voyages n’est pas pour autant l’alpha et l’omega de la lutte contre l’épidémie, a mis en garde l’Organisation mondiale de la Santé. Le comité d’évaluation des situations d’urgence de l’OMS doit se réunir cette semaine pour « réévaluer la pandémie », six mois après avoir déclaré l’épidémie de coronavirus urgence de santé publique internationale. Face à une épidémie qui ne montre aucun signe d’essoufflement, les équipes hospitalières sont également contraintes de s’adapter pour proposer une fin de vie digne pour les patients, en l’absence de leurs proches.

C’est le cas à l’hôpital Barros Luco à Santiago au Chili où Enrique Boudon, un patient de 94 ans atteint d’une pneumonie provoquée par le coronavirus, a pu entendre le jazz qu’il aimait tant avant de mourir. « Nous avons appelé sa petite-fille qui nous a raconté qu’il avait été trompettiste de l’Orchestre philharmonique du Chili et qu’il aimait le jazz. On a cherché sur la tablette et on lui a mis du Miles Davis près de son oreille. Automatiquement, il a bougé ses mains, comme s’il dirigeait un orchestre. C’était très émouvant. Environ deux heures après, il est décédé », raconte le docteur Moyra Lopez.

AFP/LQ