La nouvelle proposition soumise par le gouvernement grec à ses créanciers, et qui sera examinée dès ce vendredi par le parlement, a fait renaître l’espoir qu’un accord puisse être conclu in extremis pour permettre le maintien du pays dans la zone euro.
Des échos optimistes, bien que prudents, sont venus de plusieurs capitales européennes, comme Paris, Vienne, Rome et le gouvernement allemand s’est abstenu de trancher pour l’instant, comme il a souvent été prompt à le faire durant cinq mois de négociation en dents de scie.
Pour mettre toutes les chances de son côté, le gouvernement Tsipras a choisi de soumettre dès vendredi ses propositions à l’approbation de principe des députés, afin de démontrer sa volonté de réforme.
Les marchés financiers ont réagi positivement à ces nouveaux développements avec une accélération de l’euro par rapport au dollar, une hausse des Bourses européennes et une nette détente des taux d’emprunt des pays du Sud de l’Europe, la Grèce en tête.
A la tête du camp un peu maigre des conciliants, le président français François Hollande a jugé que les dernières propositions d’Athènes étaient « sérieuses » et « crédibles », ajoutant toutefois que « rien n’est encore fait ». Le Premier ministre Manuel Valls a évoqué des propositions « solides, sérieuses, complètes et donc crédibles », avec des « engagements sur tous les sujets », citant les engagements budgétaires, la réforme de la TVA, la réforme des retraites, la réforme de l’administration publique et la lutte contre la corruption.
« Je forme, comme l’a fait le Président de la République, le vœu que les propositions du gouvernement grec permettent d’avancer et d’obtenir un accord », a-t-il ajouté.
« Il n’y a pas encore de résultat, mais il existe une chance d’accord et nous devons saisir sérieusement cette chance », a jugé le chancelier autrichien Werner Faymann, tandis que le chef du gouvernement italien Matteo Renzi s’est déclaré « plus optimiste ». Le gouvernement allemand s’est abstenu de tout commentaire.
Athènes va cependant devoir obtenir à la fois le feu vert des créanciers (UE et FMI), des Grecs qui ont largement rejeté dimanche dernier une potion d’austérité similaire à celle offerte aujourd’hui par le gouvernement, et de l’aile gauche de Syriza, le parti du Premier ministre Alexis Tsipras.
Les parlementaires se réuniront d’abord en commission à partir de 15h avant un vote en séance plénière, sans doute vendredi soir.
Il y a moins d’une semaine, sa majorité faisait campagne pour un « fier non » à une énième version des propositions d’austérité des créanciers du pays et ce rejet avait été soutenu par 61% des votants au référendum organisé par le gouvernement.
Or, dans le document de 13 pages remis vendredi et intitulé « Actions prioritaires et engagements », il s’engage à adopter une grande partie des mesures réclamées par les créanciers, dont Athènes avait déjà accepté les grandes lignes précédemment.
Aux premières heures de la matinée, le Premier ministre a donc convoqué son groupe parlementaire à huis clos au parlement et leur a lancé un appel à l’unité, selon des sources citées par l’agence ANA. « Ou on continue ensemble, ou on chute ensemble », aurait-il averti.
Selon les mêmes sources, il a fait valoir que le référendum lui avait donné pour mandat de conclure un meilleur accord que le précédent. Mais il aussi insisté sur le fait que les Grecs voulaient rester dans l’euro.
Plusieurs observateurs estiment vendredi que le référendum a finalement eu pour effet davantage de conforter M. Tsipras sur la scène politique intérieure que de durcir la résistance aux créanciers.
Dans ses nouvelles propositions, le gouvernement cède notamment sur la suppression des avantages fiscaux pour les îles, comme le souhaitaient les créanciers, mais en commençant par les plus riches, ou sur les dépenses militaires.
Ces propositions doivent être « immédiatement » étudiées par les créanciers puis soumises samedi aux ministres des Finances de la zone euro, avant un sommet extraordinaire des 28 pays de l’Union européenne convoqué dimanche à Bruxelles.