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Les populistes européens encouragés par l’Italie mais déçus par l’Autriche


La maire de Rome et membre du Mouvement 5 étoiles, Virginia Raggi. (photo AFP)

Les populistes européens se sentent confortés après l’échec du référendum constitutionnel en Italie, mais la défaite du candidat d’extrême droite Norbert Hofer à la présidentielle autrichienne, saluée par le camp pro-UE, a contrarié leurs ambitions.

Aux félicitations que s’échangeaient lundi les dirigeants de ces partis, d’autres ont objecté, à l’instar du Premier ministre français Manuel Valls, que « le populisme n’est pas une fatalité pour l’Europe ». Il en veut ainsi pour preuve l’échec du parti de la liberté (FPÖ) autrichien a conquérir la présidence.

Les dirigeants de cette formation reportent leurs ambitions sur les législatives, prévues au plus tard en 2018 en Autriche. C’est aussi l’objectif du Mouvement 5 étoiles (M5S) et de la Ligue du Nord en Italie qui espèrent capitaliser sur l’échec du référendum constitutionnel.

Leurs leaders ont réclamé une dissolution du parlement italien après la démission du chef du gouvernement, Matteo Renzi.

Aux Pays-Bas, le leader d’extrême droite Geert Wilders, en tête dans les sondages pour des législatives prévues en mars, a félicité sur Twitter l’Italie et le patron de la Ligue du Nord, Matteo Salvini. « Nous allons gagner le 15 mars. Remettre les choses dans l’ordre », a-t-il promis de son côté.

« Les Italiens ont désavoué l’UE et Renzi », a salué dans un tweet Marine Le Pen, la patronne du Front national, qui selon les sondages est assurée de figurer au second tour de la présidentielle française au printemps.

En Grande-Bretagne, le quotidien eurosceptique Daily Mail a salué un « Italexit » et une « nouvelle révolte contre l’establishment » augurant de la possible arrivée au « pouvoir de populistes souhaitant sortir le pays de l’euro ».

Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a reconnu lundi que le résultat du référendum italien n’était « pas un message positif pour l’Europe, en des temps difficiles ».

Il a toutefois exprimé sa satisfaction sur l’issue de la présidentielle autrichienne, qui a vu la victoire de l’écologiste pro-européen Alexander Van der Bellen face au candidat du Parti de la liberté (FPÖ) Norbert Hofer, « un bon présage », selon M. Steinmeier.

« L’élection de Donald Trump et le Brexit ont inversé la vapeur en Autriche », estime l’analyste du groupe de réflexion Carnegie.

« L’idée d’une possible sortie de l’UE a fait peur et conduit au choix d’un candidat hors système mais traditionnel et beaucoup plus pro-Européen », a-t-il ajouté.

Législatives en ligne de mire

Avec 46,7% des voix, selon les projections, M. Hofer, 45 ans, a toutefois réalisé le meilleur résultat jamais enregistré par un parti d’extrême droite en Autriche depuis la guerre.

Ce score est certes en recul de trois points par rapport au scrutin du 22 mai, où il avait recueilli 49,7% des suffrages, mais cette élection a été invalidée en raison d’irrégularités de procédure et est considérée comme non avenue.

« Ceux qui ont voté pour le FPÖ en feront certainement de même la prochaine fois », a prédit la patronne du parti populiste allemand AfD, Frauke Petry. « Les prochaines législatives seront celles de leur victoire! », a aussi estimé Marine Le Pen.

M. Hofer a confirmé que ces élections, pour lequel le FPÖ est donné en tête par les sondages, était son prochain objectif aux côtés du chef du parti Heinz-Christian Strache.

« 2017 sera l’année du Parti de la liberté! Notre temps est arrivé », a lancé ce dernier lundi sur Facebook.

Pour le politologue autrichien Anton Pelinka, qui table sur des législatives anticipées dès l’année prochaine, le FPÖ a « de bonnes chances d’obtenir une majorité relative au parlement », et même de « trouver un partenaire de coalition » avec un parti classique.

Reste que pour le quotidien de centre gauche polonais Gazeta Wyborcza, « l’effet Trump n’a pas fonctionné en Autriche », un mois après la victoire du candidat républicain à la présidentielle américaine.

Les populistes éprouvent « de grandes difficultés » quand ils arrivent au pouvoir, souligne Carsten Nickels, analyste chez Tenoe à Bruxelles, citant les exemples du Brexit et du parti des Vrais Finlandais.

« La contradiction fondamentale à laquelle sont confrontés ces mouvements, c’est que leurs promesses sont impossibles à tenir dans l’économie mondiale dans laquelle nous nous trouvons », estime-t-il.

Le Quotidien / AFP