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Les médecins refusent de transférer Navalny à l’étranger, une décision jugée « politique »


L'hôpital doit régler "certaines questions juridiques" avant de laisser des médecins européens voir Alexeï Navalny. Des spécialistes de Moscou sont arrivés durant la nuit pour l'examiner. (illustration AFP)

Les proches et alliés du principal opposant russe, Alexeï Navalny, placé en réanimation après un empoisonnement présumé, ont dénoncé vendredi le refus des médecins de le transférer à l’étranger, une décision qui met selon eux « sa vie en danger ».

La France et l’Allemagne ont toutes deux offert jeudi « toute aide médicale », un avion médicalisé affrété depuis Berlin par une ONG ayant même rejoint la Sibérie dans la nuit avec l’objectif de ramener en Allemagne le charismatique militant anti-corruption. « Le médecin en chef a annoncé que Navalny n’est pas transportable. Son état est instable », a indiqué la porte-parole de l’opposant Kira Iarmych sur Twitter, estimant qu’il serait « mortellement dangereux » de le laisser dans cet hôpital « non équipé » et « avec un diagnostic toujours pas fait », à Omsk, en Sibérie occidentale.

Selon elle, la décision des proches de l’opposant n’est pas suffisante pour déclencher son transfert pour être soigné à l’étranger, les médecins s’y refusant. Le médecin en chef de l’hôpital, Alexandre Mourakhovski, a de son côté expliqué aux journalistes travailler sur cinq hypothèses pour le diagnostic et que les tests allaient se poursuivre pendant deux jours. Il a ajouté qu’il n’y a pas eu de complications durant la nuit et que l’état de santé de l’opposant s’était légèrement amélioré ce matin, mais qu’il était encore inconscient. « En ce qui concerne son transfert (…) la question est prématurée. Il est nécessaire d’arriver à une stabilisation complète du patient », a-t-il affirmé.

« Ils attendent que les toxines cessent d’être détectables »

Selon le médecin, l’hôpital doit régler « certaines questions juridiques » avant de laisser des médecins européens voir Alexeï Navalny. Des spécialistes de Moscou sont arrivés durant la nuit pour l’examiner. Le refus de transférer Navalny à l’étranger a été dénoncé par son bras droit Léonid Volkov comme une « décision politique et non pas médicale ». « Ils attendent que les toxines sortent et cessent d’être détectables dans le corps. Il n’y a ni diagnostic, ni analyse. La vie d’Alexeï est en grand danger », a-t-il écrit sur Twitter.

Alexeï Navalny, l’un des critiques les plus féroces du Kremlin, se rendait de Tomsk à Moscou en avion quand il a fait un malaise. L’appareil a dû faire un atterrissage d’urgence à Omsk. L’opposant y a été admis à l’hôpital, plongé dans un coma naturel, placé en réanimation et relié à un respirateur artificiel. Ses alliés ont dit être persuadés qu’il a été victime d’un « empoisonnement intentionnel », « avec quelque chose de mélangé à son thé ». Un avion médicalisé affrété par l’ONG allemande Cinema for Peace, qui avait déjà réalisé une opération similaire avec un membre du groupe d’opposants Pussy Riot en 2018, est arrivé dans la matinée à Omsk, selon les médias locaux.

Principal opposant au Kremlin, dont les publications dénonçant la corruption des élites russes sont abondamment partagées sur les réseaux sociaux, Alexeï Navalny a déjà été victime d’attaques physiques. En 2017, il avait été aspergé d’un produit antiseptique dans les yeux à la sortie de son bureau à Moscou. En juillet 2019, tandis qu’il purgeait une courte peine de prison, il avait été traité à l’hôpital après avoir soudainement souffert d’abcès sur le haut du corps, dénonçant un empoisonnement alors que les autorités évoquaient une « réaction allergique ».

Le Kremlin a dit souhaiter à l’opposant, « comme à n’importe quel citoyen russe », un « prompt rétablissement », soulignant aussi que l’empoisonnement n’était jusqu’à présent qu’une « simple supposition ». De nombreux adversaires du Kremlin ont été victimes ces dernières années d’empoisonnement, en Russie ou à l’étranger.

LQ/AFP

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