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Les Kurdes, un peuple sans État en quête de reconnaissance


Revendiquant la création d'un Kurdistan unifié, les Kurdes sont perçus comme une menace envers l'intégrité territoriale des pays où ils sont installés. (photo AFP)

Le Kurdistan irakien organisera un référendum sur son indépendance le 25 septembre. Le peuple kurde, qui compte de 25 à 35 millions de personnes, est principalement présent en Irak, en Iran, en Turquie et en Syrie.

Peuple d’origine indo-européenne, les Kurdes descendent des Mèdes de l’ancienne Perse, qui fondèrent un empire au VIIe siècle avant J.C. En majorité musulmans sunnites, avec des minorités non musulmanes et des formations politiques souvent laïques, les Kurdes sont établis sur près d’un demi-million de kilomètres carrés. Leur nombre total varie, selon les sources, de 25 à 35 millions de personnes. Le plus grand nombre vit en Turquie (12 à 15 millions, environ 20% de la population totale) suivie de l’Iran (environ 6 millions, moins de 10%), l’Irak (4,69 millions, soit 15 à 20%) et la Syrie (plus de 2 millions, 15%).

Situés dans des zones à l’intérieur des terres, les Kurdes ont su préserver leurs dialectes, leurs traditions et un mode d’organisation largement clanique. D’importantes communautés kurdes vivent aussi en Azerbaïdjan, en Arménie et au Liban ainsi qu’en Europe, notamment en Allemagne. L’effondrement de l’Empire ottoman à l’issue de la Première Guerre mondiale ouvrit la voie à la création d’un État kurde, prévue par le traité de Sèvres en 1920, situé dans l’est de l’Anatolie et dans la province de Mossoul. Mais après la victoire de Mustafa Kemal en Turquie, les Alliés revinrent sur leur décision et, en 1923, le traité de Lausanne consacra la domination de la Turquie, de l’Iran, de la Grande-Bretagne (pour l’Irak) et de la France (pour la Syrie) sur les populations kurdes.

Revendiquant la création d’un Kurdistan unifié, les Kurdes sont perçus comme une menace envers l’intégrité territoriale des pays où ils sont installés. En Turquie, le conflit entre le gouvernement et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a repris à l’été 2015, faisant voler en éclats les espoirs d’une résolution de cette crise qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984. En Iran, des heurts épisodiques opposent les forces de sécurité à des rebelles kurdes d’Iran dont les bases arrière sont en Irak. Un soulèvement kurde durement réprimé avait suivi la révolution islamique de 1979.

Antagonismes et jeux d’alliance

En Irak, les Kurdes persécutés sous Saddam Hussein se soulèvent en 1991 après la défaite de Bagdad au Koweït et instaurent une autonomie de fait, légalisée par la Constitution irakienne de 2005 qui a instauré une République fédérale. En Syrie, les Kurdes ont souffert de décennies de marginalisation et d’oppression de la part du régime, réclamant la reconnaissance de leurs droits. Ils ont adopté une position de « neutralité » envers le pouvoir et la rébellion au début du conflit en 2011, avant de bénéficier du chaos généré par la guerre et d’installer une administration autonome dans des régions du Nord.

Les Kurdes, qui n’ont jamais vécu sous un pouvoir centralisé, sont divisés en une myriade de partis et factions répartis entre les quatre pays. Parfois transfrontaliers, ces mouvements sont souvent antagonistes, en fonction notamment des jeux d’alliances conclues avec les régimes voisins. En Irak, les deux principaux partis kurdes se sont ainsi livré une guerre faisant quelque 3 000 morts entre 1994 à 1998. Ils se sont finalement réconciliés en 2003.

En Syrie, les forces kurdes dominent l’alliance des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui combattent Daech avec l’appui d’une coalition dirigée par les États-Unis. En Irak, les combattants kurdes peshmergas ont également pris part à la lutte contre les jihadistes.

Le Quotidien/AFP

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