La démission du Premier ministre Giuseppe Conte a plongé l’Italie dans une crise politique à l’issue ouverte, alors que le pays affronte une grave récession économique causée par la pandémie, qui y a déjà fait plus de 85 000 morts.
Voici les principaux scénarios envisagés :
1er scénario : Conte 3
La crise a été déclenchée il y a deux semaines par la décision de l’ex-Premier ministre Matteo Renzi (2014-2016) et son petit parti de quitter la coalition au pouvoir, la privant d’une majorité au parlement.
Giuseppe Conte devrait chercher maintenant à obtenir du président de la République Sergio Mattarella un nouveau mandat pour former un gouvernement, qui serait le troisième consécutif dirigé par ce professeur de droit depuis les législatives de 2018.
Pour réussir, il faudrait qu’il puisse renouer avec le parti de Matteo Renzi, force d’appoint indispensable aux deux piliers de la coalition: le Parti démocrate (PD, centre-gauche) et le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème avant son arrivée au pouvoir).
Le PD a appelé à un nouveau gouvernement Conte avec une « large assise parlementaire », nom de code donné à une majorité qui inclurait les centristes actuellement dans l’opposition.
Ce scénario permettrait de neutraliser le pouvoir de veto de Matteo Renzi au sein de la coalition, mais l’incertitude demeure sur le nombre de parlementaires prêts à passer dans le camp de Giuseppe Conte.
2e scénario : Conte sacrifié
M. Renzi, qui a joué un rôle crucial dans la formation du second gouvernement Conte en 2019, a affirmé clairement qu’il ne faisait plus confiance au chef du gouvernement sortant.
Il pourrait exiger la nomination d’un nouveau Premier ministre en échange de son retour au sein de la coalition.
Selon les médias italiens, il pourrait s’agir d’un poids lourd du PD, comme l’actuel ministre de la Culture Dario Franceschini, ou encore de l’ex-dirigeant du M5S Luigi Di Maio, actuel ministre des Affaires étrangères.
Une autre solution pourrait être de nommer un Premier ministre indépendant afin d’éviter des conflits de préséance entre PD et M5S.
Selon le journal La Repubblica, Giuseppe Conte pourrait devenir ministre dans un tel scénario.
3e scénario : les technocrates au pouvoir –
Si la coalition sortante ne réussit pas à recoller les morceaux, le président Mattarella devrait faire appel à une personnalité non partisane pour former un gouvernement d’unité nationale.
Les parlementaires centristes et le parti de droite Forza Italia de l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi pourraient le soutenir, contrairement aux partis d’extrême droite de Matteo Salvini (Ligue) et Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia).
Un gouvernement de ce type permettrait à l’Italie de gérer la pandémie et de finaliser le plan que Rome doit présenter à Bruxelles d’ici fin avril sur les modalités de dépense des 208,6 milliards d’euros qui lui seront attribués dans le cadre du méga-plan européen de relance adopté en juillet.
4e scénario : élections anticipées ?
La législature actuelle court jusqu’en mars 2023, mais le président pourrait provoquer des élections anticipées si la crise actuelle se révèle insoluble.
Sergio Mattarella, dont le septennat s’achève en janvier 2022, ne pourra cependant plus le faire à partir de juillet, car la Constitution interdit au président de dissoudre le parlement durant les six derniers mois de son mandat.
Selon les sondages, en cas d’élections, la victoire reviendrait au bloc rassemblant la droite de Silvio Berlusconi et l’extrême droite de Matteo Salvini et Girogia Meloni.
AFP/LQ