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Les combats en Syrie compliquent les efforts internationaux pour une trêve


Une jeune Syrienne tient une pancarte "Sauvez Alep", lors d'un rassemblement de solidarité dans la ville libanaise de Tripoli, le 1er mai 2016. (Photo : AFP)

Le refus du régime et des rebelles à Alep et près de Damas de faire taire les armes malgré les pressions des grandes puissances, illustrait mercredi la difficulté de promouvoir un nouveau cessez-le-feu dans la Syrie en guerre.

A la demande de la France et de la Grande-Bretagne, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir à partir de 18h00 pour tenter de trouver les moyens de rétablir la trêve dans Alep qui «brûle» selon les termes de l’ambassadeur britannique aux Nations unies.

Entretemps à Berlin, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a eu des entretiens avec le coordinateur de l’opposition syrienne Riad Hijab, puis avec l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura et son homologue français Jean-Marc Ayrault. «Ce qui se passe à Alep (nord) est une tragédie qui nécessite une mobilisation encore plus forte», a dit M. Ayrault qui avec ses partenaires occidentaux appuient les rebelles face au régime du président Bachar al-Assad soutenu lui par la Russie.

Sans une trêve à Alep, 400 000 personnes pourraient fuir vers la Turquie, averti M. de Mistura, alors que la moitié de la population du pays a déjà été poussée à la fuite. Depuis la reprise le 22 avril des hostilités dans la deuxième ville du pays, en violation d’une trêve entrée en vigueur le 27 février à l’initiative de Washington et Moscou, 284 personnes, dont 57 enfants et 38 femmes, ont péri dans les violences, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Les affrontements dans la ville divisée en secteurs rebelles et secteurs prorégime, ont repris de plus belle mardi après qu’une coalition de groupes rebelles, «Fatah Halab» («la conquête d’Alep») a lancé une offensive sur les quartiers prorégime. Ces combats étaient «les plus violents à Alep depuis plus d’un an», selon l’OSDH. Ils se sont poursuivis dans la nuit avant une accalmie mercredi dans la journée, selon un correspondant de l’AFP sur place. Mais les habitants n’escomptaient pas un long répit.

«La faute à Al-Nosra»

«Je ne pense pas que les frappes vont s’arrêter», a déclaré Mahmoud Sendeh, un militant de 26 ans habitant un secteur rebelle, alors que la ville d’Alep est devenu le principal champ de bataille de cette guerre qui a fait plus de 270 000 morts depuis 2011. Le régime a affirmé avoir lancé le 22 avril l’offensive principalement aérienne contre la partie rebelle d’Alep en riposte à des attaques des combattants du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, présents selon lui dans ce secteur.

Cette offensive a fait voler en éclats la trêve qui exclut néanmoins les groupes jihadistes -Front Al-Nosra et Etat islamique- qui eux continuent d’être la cible de frappes du régime syrien, de la Russie et de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. Cette guerre très complexe, déclenchée en mars 2011 par la répression brutale de manifestations prodémocratie, a permis la montée en puissance de ces groupes jihadistes et poussé à l’intervention militaire des puissances étrangères.

«Les parties russe et américaine ont essayé d’introduire une cessation des hostilités dans et autour d’Alep», mais cela «a été empêché par le Front Al-Nosra», a affirmé un porte-parole militaire russe, Igor Konashenkov, à la base aérienne de Hmeimim (ouest) où sont stationnées des forces russes.»(…) Nous devons tout faire pour que le cessez-le-feu entre en vigueur», a dit le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Outre les destructions et le carnage, l’aide humanitaire ne parvient pas aux quartiers rebelles d’Alep, a indiqué l’ONU en accusant le régime de refuser de laisser passer les convois.

«La population saigne»

« (…) Nous avons besoin d’une fin des bombardements et des combats. C’est une catastrophe. Les docteurs et infirmières se font tuer pendant que la population saigne», a déclaré le président du groupe de travail de l’ONU sur l’aide humanitaire Jan Egeland. «Fuir n’a jamais été aussi difficile que maintenant ». Ailleurs dans le pays, au moins 22 frappes du régime ont visé la Ghouta orientale, le bastion rebelle à l’est de Damas, et les combats ont repris entre soldats et rebelles dès l’expiration dans la nuit d’un cessez-le-feu provisoire, selon l’OSDH.

Face à cette escalade et au blocage du processus de négociations lancé à Genève, les différents acteurs du conflit tentent de sauver la situation. Outre les réunions à New York et Berlin, M. Ayrault a convié lundi à Paris ses homologues saoudien, qatari, émirati et turc -issus de pays soutenant la rébellion-, et a appelé à une réunion «d’urgence» du «groupe de soutien au processus de paix en Syrie».

«C’est un drame terrible qui se produit là-bas avec des victimes où le régime de Damas porte l’entière responsabilité de ce qui se passe (…)», a dit M. Ayrault à Berlin. Pour son homologue allemand, «soit nous remettons en piste les efforts de paix (…) soit nous risquons une rechute dans l’explosion de la violence et la poursuite de la guerre civile». Visée à sa frontière syrienne par des tirs de roquettes meurtriers attribués à l’EI, la Turquie, elle s’est dite prête, à envoyer des troupes en Syrie «si nécessaire». «Nous sommes prêts à prendre toutes les mesures pour nous protéger», a dit son Premier ministre Ahmet Davutoglu.

Le Quotidien/AFP

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