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Les Algériens «n’ont plus peur», estime la presse française


Des membres de la communauté algérienne manifestant contre un 5e mandat d'Abdelaziz Bouteflika, dimanche à Marseille. La situation en Algérie est une difficile équation pour la France, l'ancienne puissance coloniale qui compte sur son sol des centaines des milliers d'Algériens et entretient des relations étroites avec les autorités de leur pays.(photo AP)

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui a déposé dimanche sa candidature à un cinquième mandat, doit renoncer au pouvoir face aux protestations de ses concitoyens qui « n’ont plus peur » de descendre massivement dans la rue, estime lundi la presse.

« Il est temps de constater l’incapacité physique du président Bouteflika, parti se faire soigner en Suisse. Ce n’est pas une insulte à son égard, c’est une évidence », affirme Jean de Levallois dans La Presse de la Manche. Pour l’éditorialiste, « les clans qui, derrière Bouteflika, ont mis la main sur l’Algérie, doivent quitter le pouvoir pour éviter une révolution sanglante » à ce pays.

Car face au clan déterminé à ne rien « lâcher » et qui mise sur le « pourrissement », la population algérienne « n’a plus peur » et « semble prête à ne plus reculer », relève Grégoire Amir-Tahmasseb dans L’Union.

« Quel peuple, dont l’âge moyen est inférieur à 30 ans, accepterait d’être ainsi dirigé par un vieillard diminué, que l’on ne peut plus voir qu’en photo », se demande Isabelle de Gaulmun dans La Croix en saluant « ces femmes et hommes » qui « disent le calme, la maturité, la tranquille assurance de la société civile qui émerge, sa soif de démocratie, son envie de vivre, tout simplement ».

Pour Libération, Bouteflika, 82 ans dont 20 à la tête de son pays, est « officiellement président fantôme ».

Dans La Montagne, Florence Chédotal se demande à son tour : « Comment le camp présidentiel, s’exonérant de construire une alternance, peut-il, encore une fois, espérer que la jeunesse algérienne vote pour un cadre-photo? ». Aux yeux de l’éditorialiste, « la peur du chaos, souvent agitée, ne sert plus de repoussoir quand un pays rêve d’une deuxième indépendance ».

Dans Le Journal de la Haute Marne, Patrice Chabanet écrit que la promesse de Bouteflika d’écourter un cinquième mandant est une « mini reculade » malgré laquelle « la tension a très peu de chance de baisser ». Selon lui, « le peuple algérien ne semble pas vouloir se contenter d’un changement de tête cette fois. Il exige un bon coup de balai ».

«La France retient son souffle»

« La promesse présidentielle d’une hypothétique transition politique ne semble pas de nature à faire retomber la colère », confirme Pierre Frehel dans Le Républicain Lorrain.

La situation dans ce pays du Maghreb est une difficile équation pour la France, l’ancienne puissance coloniale qui compte sur son sol des centaines des milliers d’Algériens et entretient des relations étroites avec les autorités de leur pays.

« La France vigilante face à l’incertitude en Algérie » , titre en une Le Figaro. « La France retient son souffle et « l’alternative qui consiste à dire Bouteflika plutôt que le chaos n’est plus tenable », juge Yves Thréard.

« La non-ingérence » que revendique Paris « est un paravent diplomatique bien commode », souligne l’éditorialiste qui recommande de « regarder la réalité en face ». Alors « qu’elle le veuille ou non, la France est en première ligne », selon lui.

L’Humanité se demande « comment les démocrates et les progressistes français pourraient ne pas se sentir solidaires de cette vitalité », sous la plume de Patrick Apel-Muller.

La révolte des Algériens contre leur président de 82 ans est « un combat pour la dignité » , écrit Dominique Moïsi dans Les Échos. « Hier, nous avons voulu faire le bien des Algériens sans eux, aujourd’hui, nous nous abstenons presque de leur dire ce qui est visiblement mauvais pour eux », regrette-t-il.

AFP

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