La course s’est resserrée à deux jours des législatives britanniques mais les bookmakers, pas vraiment échaudés par de précédentes prévisions erronées, continuent de tabler sur une majorité accrue pour la Première ministre Theresa May.
L’établissement Ladbrokes entrevoit une victoire qui permettrait aux Conservateurs de passer d’une majorité de 17 sièges actuellement à 70. La maison de paris rivale William Hill table sur un résultat plus modeste, entre 40 et 50 sièges.
Pourtant, les sondages se resserrent de plus en plus par rapport au triomphe qui était attendu au moment de l’annonce, mi-avril, de la tenue de ces élections anticipées. Certains vont jusqu’à estimer que le parti de Theresa May pourrait perdre sa majorité. Rupert Adams, porte-parole de William Hill, reconnaît être « légèrement inquiet par rapport aux tendances dessinées par les paris » et reste sur la défensive, conscient que les bookmakers ont « foiré » les trois grands événements politiques précédents – les élections de 2015, le référendum sur le Brexit et la victoire de Donald Trump aux États-Unis.
Du côté de Ladbrokes, on est plutôt confiant. « Nous prenons en compte deux choses qui sont ressorties de précédentes élections », explique Matthew Shaddick, à la tête du service des prévisions politiques : le fait que le parti travailliste « chute dans les derniers soubresauts de la campagne » et que les sondeurs ont tendance à « surestimer le soutien aux travaillistes ». Pour Rupert Adams, ces erreurs dans les sondages pourraient être liées à la « timidité » des électeurs conservateurs, qui ont tendance à garder leur vote pour eux et préfèrent se dire indécis, ou annoncer qu’ils vont voter pour les Libéraux-démocrates, petit parti d’opposition europhile.
Une victoire du Labour, « ça nous couterait un bras ! »
L’intérêt des parieurs pour l’élection promet en tout cas de rapporter gros : William Hill s’attend à un gain de 5 millions de livres (5,7 millions d’euros). Il s’ajouterait à celui engrangé après le scrutin présidentiel français qui avait suscité un engouement inhabituel chez les parieurs britanniques, qui se cantonne en général aux échéances britanniques ou américaines. « C’était un événement qui a animé le monde des parieurs, on a gagné 1 million de livres, contre 20 000 livres seulement pour l’élection précédente » de 2012, se rappelle Rupert Adams. Chez les deux bookmakers, le même schéma s’impose dans les paris : de grosses mises individuelles s’orientent vers les Tories (conservateurs), tandis qu’une multitude de petits paris se placent sur le Labour (travaillistes).
La tendance était la même lors du référendum de 2014 sur l’indépendance de l’Écosse et celui de juin 2016 sur le Brexit, sauf que dans ce dernier cas, les nombreux petits joueurs qui avaient parié sur un retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne ont eu raison. « Tous les paris à 4 contre 5 sont sur une majorité Tory », note Matthew Shaddick. « Ça nous couterait un bras si le Labour gagnait ! », ajoute-t-il. Selon Rupert Adams, les récents attentats à Manchester et Londres ont affecté les paris. Personne n’a misé dimanche, au lendemain de l’attentat sur London Bridge et à Borough Market.
Le Quotidien/AFP