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Le prochain maire de Londres devrait être travailliste et musulman


Le candidat travailliste à la mairie de Londres, Sadiq Khan, lors d'une rencontre avec ses soutiens à Londres, le 3 mai 2016. (Photo : AFP)

Le candidat travailliste à la mairie de Londres, Sadiq Khan, a creusé mercredi son avance dans les sondages, confortant ses chances de devenir le premier maire musulman d’une capitale occidentale, malgré les tentatives des conservateurs de l’associer à des extrémistes.

La veille du scrutin et après une campagne marquée par les attaques sur sa religion et ses fréquentations lorsqu’il était avocat des droits de l’Homme, ce fils d’un conducteur de bus pakistanais affichait une avance de plus de 10 points sur le candidat conservateur, le millionnaire Zac Goldsmith.

Deux sondages publiés mercredi le placent en tête avec 57% et 56% des intentions de vote contre 43% et 44% pour le conservateur. «J’ai mené une campagne positive depuis le premier jour en expliquant comment mon expérience, mes valeurs et ma vision me conduiront à être le maire de tous les Londoniens», a déclaré Sadiq Khan, costume noir et chemise blanche au col ouvert, lors de son ultime visite de campagne, dans un marché du sud de la capitale.

Quant à la perspective de devenir le premier maire musulman de Londres et de toute capitale occidentale, il a refusé de voir son identité résumée à sa religion: «je suis un Londonien, je suis Britannique, je suis de confession musulmane, bien sûr que je suis fier d’être musulman. Je suis d’origine pakistanaise. Je suis un père, un mari, un fan de longue date de Liverpool. Je suis tout ça», a énuméré le député de 45 ans, un homme de petite taille aux cheveux poivre et sel et à la blague facile.

Campagne «désespérée» des conservateurs

Une religion qui a pourtant été au cœur des attaques lancées contre lui par le camp conservateur et particulièrement Zac Goldsmith qui tente depuis des mois de l’associer aux extrémistes islamistes, soulignant qu’il a par le passé partagé à de nombreuses reprises des tribunes avec certains d’entre eux.

Des accusations que le Premier ministre David Cameron s’est empressé de relayer, mercredi encore, devant le Parlement. David Cameron a lancé aux députés, en parlant du chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn: «s’il veut savoir pourquoi il a un problème avec l’antisémitisme, c’est parce que ses candidats partagent leurs tribunes avec des extrémistes et des antisémites, et qu’ensuite il pardonne leurs propos».

Interrogé sur ces attaques, Sadiq Khan a dit être «déçu que les conservateurs et Zac Goldmith aient décidé de mener une campagne négative, qui divise et qui est de plus en plus désespérée». Largement considéré comme un progressiste, M. Khan a voté pour le mariage homosexuel, ce qui lui a valu des menaces de mort. Face aux accusations des conservateurs, il a expliqué à de nombreuses reprises avoir déjà rencontré des extrémistes, mais dans le cadre de ses anciennes fonctions d’avocat spécialisé dans la défense des droits de l’Homme.

«J’ai indiqué très clairement que je considérais leurs points de vue comme abjects», a-t-il déclaré la semaine dernière, prenant également ses distances avec les propos jugés antisémites de certains membres du Labour, qui ont été suspendus. A un passant qui cherchait à connaître sa réaction aux propos du Premier ministre, il a répondu en plaisantant: «il est obsédé par moi. La meilleure façon de me venger, c’est de gagner!»

Une victoire qui reste conditionnée au taux de participation de cette élection dans laquelle 5,6 millions de Londoniens sont appelés à voter. Des Londoniens qui se disent surtout préoccupés par la question du logement, de plus en plus inabordable, et des transports, surchargés dès lors que la capitale britannique ne cesse de croître: elle a gagné 900 000 habitants depuis l’élection de Boris Johnson en 2008 et compte aujourd’hui 8,6 millions d’habitants. Londres «veut des solutions, pas des accusations diffamatoires ; un maire qui unit pas un maire qui divise», résumait ainsi l’éditorialiste du quotidien Evening Standard, Rosamund Urwin.

Le Quotidien/AFP