Le Pérou a fermé samedi sa frontière aux Vénézuéliens ne disposant pas de passeport alors que des milliers d’entre eux continuent de fuir leur pays, plongeant l’Amérique latine dans une crise migratoire majeure.
Vendredi dans la nuit, l’afflux d’arrivées de migrants était tel au poste-frontière de Tumbes, dans le nord du Pérou, que celui-ci, théoriquement ouvert 24 heures sur 24, a fermé à minuit locales pendant que les nouvelles conditions d’accès au territoire péruvien entraient en vigueur.
Les plus chanceux, déjà présents dans la file d’attente, se sont toutefois entendus dire qu’ils pourraient entrer au Pérou sans passeport samedi au petit matin à la ré-ouverture du poste.
Le rythme s’accélère
Nombre de ces migrants vénézuéliens avaient pu gagner la frontière péruvienne vendredi grâce à des bus mis en place gratuitement par l’Équateur, pays de transit pour ceux cherchant à se rendre au Pérou – l’une des économies les plus dynamiques de la région -, au Chili ou en Argentine. Ces personnes venaient de traverser la Colombie.
Jusqu’à présent, une simple carte d’identité suffisait aux Vénézuéliens pour entrer au Pérou.
La décision du Pérou d’exiger un passeport revient à leur fermer la porte au nez, car obtenir un passeport au Venezuela est devenu un parcours du combattant en raison de la crise économique et de la pénurie généralisée, qui affecte aussi le papier servant à imprimer les documents officiels.
Le rythme des arrivées à la frontière péruvienne, jusqu’ici de 2 500 à 3 000 réfugiés par jour, selon les services d’immigration, devrait s’accélérer.
« Difficile d’aider plus de gens »
Le pays s’attend à accueillir 100 000 réfugiés vénézuéliens dans les prochaines semaines, ce qui portera leur total à un demi-million.
Mais le sentiment anti-migrants progresse au sein de la société et les restrictions d’accès au territoire bénéficient d’un certain soutien dans la population. « Nous sommes désolés pour les Vénézuéliens, mais ils prennent le travail des Péruviens », expliquait Giannella Jaramillo, devant un étal de vêtements à Aguas Verdes, au nord du Pérou. « C’est difficile d’aider plus de gens ».
Le poste-frontière de cette localité, habitué à recevoir quelque 200 voyageurs par jour, a enregistré 2 500 passages de migrants vendredi.
Nombre des migrants vénézuéliens étaient arrivés à pied, ayant parfois marché près de 2 000 kilomètres. « Les enfants sont fatigués, la tête tourne, car le voyage a été assez compliqué », a raconté Carolina Velandria, ex-gérante d’un supermarché de 36 ans, accompagnée de ses quatre enfants de 1 à 15 ans.
Des groupes avaient mis en place des points d’accueil pour venir en aide aux migrants sur les six kilomètres séparant les postes-frontière péruviens et équatoriens.
Selon les habitants de la frontière, la décision d’exiger le passeport ne va pas arrêter l’afflux de migrants au Pérou.
De son côté, le gouvernement vénézuélien a assuré que les migrants vont « revenir » grâce aux réformes économiques du président Nicolas Maduro.
Selon les Nations unies, sur les 2,3 millions de Vénézuéliens vivant à l’étranger, plus de 1,6 million ont fui depuis 2015 la grave crise économique et politique qui sévit dans leur pays. Quelque 90% d’entre eux se sont réfugiés dans les pays de la région.
Les Vénézuéliens sont étranglés par la crise économique : l’inflation pourrait atteindre 1.000.000% fin 2018 selon le FMI.
LQ/AFP