Le gouvernement d’Angela Merkel fait face dimanche à de nouvelles révélations de presse concernant l’achat controversé de masques, impliquant cette fois son ministre de la Santé.
Le ministre conservateur Jens Spahn a fait acheter par ses services au printemps 2020, lors de la première vague de la pandémie, des centaines de milliers de masques via le groupe de média allemand Burda pour lequel travaille son mari Daniel Funke, selon des documents du ministère transmis à la chambre des députés, rapporte l’hebdomadaire Der Spiegel.
La commande passée de 570 000 masques FFP2 par le ministère « pourrait engendrer des conflits d’intérêts » du fait que le mari du ministre « travaille comme lobbyiste et directeur de bureau de représentation de Burda à Berlin », écrit l’hebdomadaire.
Le ministère rejeté ces soupçons. Le contrat « a été conclu et traité après réception de l’offre en utilisant une procédure standardisée aux prix du marché », a assuré un porte-parole. L’époux du ministre n’a « jamais été informé ni impliqué dans la transaction » et « aucune commission n’a été payée », a ajouté Burda dans le Spiegel.
La majorité ébranlée
A raison de 1,73 dollar (1,60 euro) facturé par masque, le ministère a au final réglé 909 000 euros à Burda, qui avait avancé la somme à un fournisseur en Chine. L’éditeur de presse allemand a indiqué avoir transmis l’intégralité de la somme au fournisseur asiatique.
Même si le ministre ou son mari ne sont pas ici accusés de s’être enrichis, cette affaire survient néanmoins à un moment sensible. Le parti démocrate-chrétien CDU du ministre et de la chancelière Angela Merkel, ainsi que leur camp conservateur tout entier, sont ébranlés depuis plusieurs semaines par un scandale portant sur des commissions perçues par des élus du mouvement lors de l’achat de masques, ou d’autres soupçons d’enrichissement.
Ces affaires ont contribué dimanche dernier à deux revers électoraux cinglants de la CDU lors de scrutins régionaux. Et, depuis, le parti est en chute dans les sondages, à quelques mois des élections législatives de fin septembre.
LQ/AFP