Un « cauchemar » : le qualificatif était largement repris dans la presse britannique jeudi pour qualifier le discours raté de la Première ministre Theresa May sur « le rêve britannique », censé la relancer mais qui pourrait au final la fragiliser davantage.
Irruption d’un comédien lui tendant une feuille de licenciement, quintes de toux, lettres du slogan affiché sur la tribune qui s’effondrent… La cheffe du gouvernement britannique a vécu un « calvaire », selon le quotidien économique The Financial Times, lors de son allocution de clôture du congrès de son Parti conservateur mercredi à Manchester. Ses mésaventures ont totalement éclipsé sa tentative de tourner la page des son revers électoral aux législatives de juin et d’affirmer son autorité sur ses ministres divisés sur les conditions du Brexit.
« Boris [Johnson] m’a demandé de vous le transmettre » : Theresa May reçoit un formulaire de licenciement en plein discours #AFP pic.twitter.com/VUAgcN7kBA
— Agence France-Presse (@afpfr) 4 octobre 2017
« Le discours de la Première ministre était censé exposer sa vision pour la nation. Mais il a tourné au désastre », résume le tabloïd The Sun, qui consacrait sa Une, comme le reste des titres britanniques à la « malchanceuse », selon l’expression du Daily Telegraph. Ni les verres d’eau – dont elle en a renversé un peu sur son pupitre – ni la pastille tendue par son ministre des Finances, Philip Hammond, n’ont pu grand chose. « Après ça, le Brexit sera du gâteau », affirme un autre tabloïd, le Daily Mail, qui publie un kaléidoscope de photos de ses malheurs.
Signe de la fragilité de Theresa May, son turbulent ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, à qui l’on prête l’ambition de prendre sa place, a été prié par sa collègue de l’Intérieur, Amber Rudd, de se joindre à une ovation debout destinée à lui donner un peu de répit et à reposer sa voix défaillante durant le discours. Même le choix de sa tenue a été « tourné en ridicule », raconte The Times : en couvrant sa bouche de sa main pour tousser, elle a dévoilé un large bracelet à l’effigie de l’artiste mexicaine Frida Kahlo, qui fut une activiste communiste.
Puis Theresa May s’étranglait dans son discours entre deux quintes de toux…
pic.twitter.com/Ap489Hwf2l— BRΞIZH is ñ (@BreizhOfficiel) 4 octobre 2017
Spéculations sur un départ anticipé
A sa décharge, selon le quotidien de centre-droit citant ses services, elle a accompli un marathon de 28 interviews et 19 réceptions durant les quatre jours du congrès alors qu’elle était enrhumée. Theresa May est tombée dans les bras de son mari après sa performance ratée dont elle a essayé de rire après coup, publiant sur Twitter une photo, relayée plusieurs milliers de fois, de médicaments contre la toux posés à côté de son discours.
*coughs* pic.twitter.com/1b6CoW5Mrz
— Theresa May (@theresa_may) 4 octobre 2017
Malgré le soutien affiché publiquement par son gouvernement, ces mésaventures discursives ont relancé les spéculations sur un départ anticipé du 10 Downing Street. « A-t-on été témoin de la désintégration physique de son mandat de Première ministre ? », s’interroge le Daily Mail. « Avertissement final pour May », avertit le Times.
« Déjà fragilisée par la perte d’une majorité parlementaire aux élections anticipées de juin, la présentation émaillée d’incidents a conduit certains au sein du parti (conservateur, NDLR) à se poser la question de savoir combien de temps elle pourrait tenir », écrit le quotidien de centre-gauche The Guardian, estimant que cela « renforce sa vulnérabilité ». Même le Daily Telegraph, parfois surnommé « Torygraph » pour sa proximité avec les conservateurs, affirme que « l’avenir politique de Theresa May était en balance hier soir après son discours désastreux qui l’a fait se sentir extrêmement désemparée ».
Pour le journal écossais The Scotsman, « May perd sa voix et ce qui lui restait d’autorité ». Les malheurs de Theresa May ont eu un fort écho à l’étranger également. L’allemand Süddeutsche Zeitung qualifie le discours de « métaphore de ses faiblesses », Le Monde estime qu’elle en sort « fragilisée », Libération évoque « les maux de la fin ».
Le Quotidien/AFP