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Le Brésil vote pour la présidentielle, l’extrême droite grande favorite


Le député de 63 ans, qui s'est fait connaître par ses saillies racistes, misogynes et homophobes, devrait mener largement en dépit des voix qui s'élèvent contre lui. (photo AFP)

Un Brésil en crise et très divisé a commencé à voter dimanche pour le premier tour de l’élection présidentielle, dont le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro, un nostalgique de la dictature militaire, est l’immense favori.

Bolsonaro, un ancien capitaine de l’armée très clivant, apparu comme un phénomène électoral depuis qu’il a frôlé la mort dans un attentat lors de la campagne, a redit samedi soir sa confiance dans sa capacité à « plier l’affaire dès le premier tour ». Une hypothèse qui fait trembler les démocrates dans le grand pays latino-américain aux 147 millions d’électeurs, mais que certains analystes n’excluent plus, au vu de sa récente poussée dans les intentions de vote. Le député de 63 ans, qui s’est surtout fait connaître par ses saillies racistes, misogynes et homophobes, devrait mener largement, si les sondages ont dit vrai.

Les deux derniers, Ibope et Datafolha, accordaient samedi soir au candidat du Parti social libéral (PSL) 40 ou 41% des intentions de vote. En 2e position, avec 25%, arrive Fernando Haddad, 55 ans, qui a remplacé pour le Parti des Travailleurs (PT, gauche) il y a seulement quatre semaines l’ex-président Lula – emprisonné pour corruption et inéligible. Le duel qui se profile pour le 2e tour du 28 octobre sera le résultat d’une attraction des électeurs vers les extrêmes, concomitante à l’effondrement inattendu du centre, notamment le grand parti PSDB de Geraldo Alckmin.

Admirateur de Trump

Grièvement blessé lors d’un attentat le 6 septembre, Jair Bolsonaro a mené la danse depuis son lit d’hôpital dans une campagne qui s’est radicalisée à l’approche du scrutin, avec des discours souvent haineux. Il a prospéré sur « deux courants forts », note le politologue David Fleischer : un fort sentiment anti-PT et anti-Lula, et un rejet de la classe politique classique. « Il est perçu comme étant antisystème et un outsider alors qu’il est député depuis cinq mandats », relève David Fleischer.

Cet admirateur de Donald Trump est vu comme l’homme fort qui peut endiguer la violence avec une approche musclée (port d’armes, exécutions extra-judiciaires) et redresser l’économie avec un « Chicago boy » : l’ultra-libéral Paulo Guedes. Fait rare, il n’a jamais été impliqué dans un scandale de corruption et veut nettoyer le pays de « ses élites corrompues ». « Bolsonaro c’est le meilleur », dit Cacio de Oliveira, une fonctionnaire, « si on ne l’élit pas lui, on va devenir le Venezuela ».

La force du candidat a été décuplée par les réseaux sociaux lors de cette campagne où, pour la première fois, « la télévision n’a servi à quasiment rien », notait Marcelo Adnet, éditorialiste du quotidien O Globo. Ses électeurs se recrutent dans toutes les couches sociales et parmi les jeunes, qui n’ont pas connu la dictature (1964-85). Les puissants lobbys pro-armes, de l’agro-business et les évangéliques se sont rangés derrière lui. Mais par ses insultes Bolsonaro s’est aliéné les Noirs, les femmes et les homosexuels.

Sortir du marasme

A la veille du scrutin, il a adouci le ton. « Nous gouvernerons pour tout le monde, même pour les homosexuels, car il y en a qui sont pères, qui sont mères », a-t-il lancé. Haddad, lui, est le réceptacle de la haine farouche qu’inspire Lula à des millions de Brésiliens. Le PT a gagné les quatre dernières présidentielles, mais est jugé par beaucoup responsable des plaies actuelles du Brésil. Durant la campagne, Haddad n’a pas fait l’inventaire de ces années-là. Paradoxalement, Bolsonaro le sanguin et Haddad le mesuré font l’objet du plus fort rejet.

Celui qui succèdera pour quatre ans au conservateur Michel Temer – qui quitte le pouvoir avec un taux historiquement bas de popularité – aura pour tâche d’extraire ce pays-continent du marasme et de redonner de l’espoir à un peuple exaspéré. Économie en berne avec 13 millions de chômeurs, discrédit des élites politiques, corruption endémique et violence record rongent le Brésil.

LQ/AFP

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