Accueil | Monde | L’ancien président français Giscard d’Estaing est mort du Covid-19

L’ancien président français Giscard d’Estaing est mort du Covid-19


Figure de la vie politique française, incarnation du centre droit et tombeur du gaullisme, M. Giscard d'Estaing avait été élu à l'Elysée en mai 1974 à l'âge de 48 ans (photo : AFP).

L’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing, qui dirigea la France de 1974 à 1981 en lui apportant un élan de modernité, est mort mercredi à l’âge de 94 ans des suites du Covid-19, a annoncé sa famille.

Plus jeune président de la Ve République lors de son élection (48 ans) en 1974, « VGE » avait été hospitalisé à plusieurs reprises ces derniers mois pour des problèmes cardiaques. Il est décédé dans sa maison familiale d’Authon, dans le centre de la France.

Pendant son mandat, Giscard, un centriste, avait eu une action modernisatrice sur le pays, promulguant d’importantes réformes de société comme l’autorisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ou l’abaissement du droit de vote à 18 ans. Il fut aussi le premier président non gaulliste de la Ve République, après l’emblématique général de Gaulle et son héritier politique Georges Pompidou.

Il fut aussi un fervent européen, travaillant avec son « ami » le chancelier Helmut Schmidt à faire tourner le moteur franco-allemand, ou dans les années 2000 quand il présidait la convention pour l’Europe en vue de l’établissement, avorté, d’une consitution européenne. Son goût pour les affaires internationales l’a poussé à être le père des réunions du G7, le club des pays industrialisés.

Le président Emmanuel Macron a rendu hommage à la mémoire de son prédécesseur, saluant un chef d’Etat dont « le septennat transforma la France ».

« Les orientations qu’il avait données à la France guident encore nos pas. Serviteur de l’Etat, homme politique de progrès et de liberté, sa mort est un deuil pour la nation française », a ajouté Emmanuel Macron dans un message de condoléances.

Les anciens présidents français, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ont eux aussi salué la mémoire de leur prédécesseur.

Même l'Equipe fait sa UNE de jeudi en mémoire d'une phrase célèbre de l'ancien président (Photo : DR).

Même l’Equipe fait sa UNE de jeudi en mémoire d’une phrase célèbre de l’ancien président (Photo : DR).

« Valéry Giscard d’Estaing aura toute sa vie oeuvré au renforcement des liens entre les nations européennes, cherché et réussi à moderniser la vie politique et consacré sa grande intelligence à l’analyse des problématiques internationales les plus complexes », a estimé Nicolas Sarkozy dans un message posté sur les réseaux sociaux.

La France « perd un homme d’Etat qui a fait le choix de l’ouverture au monde », a regretté pour sa part François Hollande dans un communiqué.

Rompant avec le style solennel de ses prédecesseurs, « VGE » avait adopté des postures modernes et voulait s’afficher proche des gens, au risque de s’exposer aux procès en démagogie comme lorsqu’il s’invitait à dîner chez les Français ou jouait de l’accordéon.

Un seul mandat

Il n’avait effectué qu’un seul septennat, battu par le socialiste François Mitterrand en 1981 après une seconde partie de mandat marquée par la crise économique et des affaires, comme celle des « diamants de Bokassa ».

Figure de la vie politique française, incarnation du centre droit et tombeur du gaullisme, M. Giscard d’Estaing avait été élu à l’Elysée en mai 1974 à l’âge de 48 ans. Il était alors le plus jeune président français depuis Louis-Napoléon Bonaparte.

 

« Pour des générations entières, notamment pour ceux qui se sont engagés auprès de lui dans leur jeunesse, il a fait souffler un grand vent de modernité sur la société française et fait naître un immense espoir de dépassement et de rassemblement », a réagi auprès de l’AFP François Bayrou, qui fit avec lui ses premiers pas en politique et qui fut son successeur à la tête du parti centriste UDF, et selon qui « il reste l’immense souvenir d’intelligence et rires partagés, en même temps qu’une grande nostalgie ».

Après sa défaite, « VGE » reste une figure du centre-droit avant de s’effacer du paysage politique français dans les années 1990, puis y revient en 2001 en prenant la tête de la Convention pour l’Europe, chargée de rédiger une constitution européenne, qui sera rejetée par référendum (55% de non) en 2005.

L’une de ses dernières apparitions publiques remonte au 30 septembre 2019 lors des obsèques à Paris d’un autre président de la République, Jacques Chirac, qui fut son Premier ministre de 1974 à 1976.

Après avoir été hospitalisé à plusieurs reprises récemment, « son état de santé s’était dégradé et il est décédé des suites du Covid-19 », a indiqué sa famille dans un communiqué transmis à l’AFP, en précisant que ses obsèques se dérouleront « dans la plus stricte intimité familiale. »

Il a aussi fait parler de lui en mai, visé par une enquête pour agression sexuelle après la plainte d’une journaliste allemande qui l’accusait d’attouchements pendant une interview un an plus tôt.

AFP

Quelques réactions de ce jeudi matin

Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel (communiqué):

« Avec la disparition du Président Giscard d’Estaing, c’est une très haute figure de la vie publique française, un modernisateur et un Européen convaincu qui s’en va. Membre de droit du Conseil constitutionnel, le Président Giscard d’Estaing avait initié une réforme majeure de celui-ci, en permettant qu’à partir de 1974, il soit saisi non plus seulement par le Président de la République, le Premier ministre ou les Présidents des assemblées mais aussi par 60 députés ou sénateurs, ouvrant ainsi les saisines à l’opposition et accroissant de manière décisive la garantie des libertés. Cette réforme, parmi beaucoup d’autres portées par le Président Giscard d’Estaing, a marqué un incontestable progrès dans notre vie démocratique ».

– Alain Juppé, ancien Premier ministre: « GISCARD nous quitte, et tout un siècle avec lui. La France lui doit de généreuses réformes, un engagement européen sans faille. J’ai mené avec lui une campagne européenne en 1989. Derrière la magnifique machine intellectuelle, il y avait aussi un homme sensible. » (Twitter)

– Manuel Valls, ex-Premier ministre: « Je me suis engagé en politique à la fin de son septennat. A ce moment, nous ne voulions pas voir qu’il était un grand président, réformateur et profondément européen. Valéry Giscard d’Estaing était vraiment moderne et il voulait rassembler les Français. Nous ne l’ oublierons pas. » (Twitter)

– François Bayrou, président du MoDem et Haut Commissaire au Plan: « Pour des générations entières, notamment pour ceux qui se sont engagés auprès de lui dans leur jeunesse, Valéry Giscard d’Estaing a fait souffler un grand vent de modernité sur la société française, un immense espoir de dépassement et de rassemblement. » (Twitter)

– Olivier Faure, premier secrétaire du PS: « Les socialistes n’oublient pas la légalisation de l’IVG, le droit de vote à 18 ans, le divorce par consentement mutuel. » (Twitter)

– Marc Fesneau, ministre des Relations au parlement: « L’IVG , le vote à 18 ans, le divorce par consentement mutuel, l’élan modernisateur…, l’idéal européen, toujours. La famille centriste, le Loir et Cher- sa terre d’adoption-, et la volonté de réunir deux français sur trois lui doivent tant. Un héritage et un idéal. » (Twitter)

– Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhöne-Alpes: « La France a perdu un homme d’État et de lettres, et l’Auvergne, un défenseur intraitable de son identité, de son caractère et de son patrimoine. Pour l’Auvergne, Valéry Giscard d’Estaing restera pour toujours un visionnaire. » (Twitter)

– Annick Girardin, ministre de la Mer: « Progressiste convaincu, bâtisseur de l’Europe moderne, il a marqué les principes d’unité et de coopération en lettres d’or, des valeurs qui doivent plus que jamais résonner, aujourd’hui, sur notre continent. Rendons hommage à l’immortel. » (Twitter)

– François de Rugy, député LREM et ex-ministre: « Au-delà d’un ancien Président de la République, la France perd un homme d’une grande intelligence, resté jusqu’au bout attentif à la vie politique française et internationale. De 1974 à 1981, Valéry Giscard d’Estaing a modernisé la France, notamment par les réformes de société. » (Twitter)

– Olivier Dussopt, ministre des Comptes publics: « Avec le décès de Valéry Giscard d’Estaing, la France perd un de ses présidents. Européen fervent, attaché à la modernité, nous lui devons des réformes de société majeures comme l’autorisation de l’IVG, l’abaissement de la majorité à 18 ans ou le divorce par consentement mutuel. » (Twitter)