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La Croatie intègre l’espace Schengen, Bulgarie et Roumanie recalées


Le drapeau croate flotte à côté du drapeau européen, devant le siège de la Commission européenne, à Bruxelles. Photo : AFP

La Croatie fera son entrée dans l’espace Schengen de libre circulation en janvier prochain : les Etats membres ont approuvé jeudi son adhésion, mais rejeté celles de la Roumanie et la Bulgarie.

« Décision du Conseil adoptée. C’est désormais confirmé formellement, la Croatie rejoindra l’espace Schengen dès le 1er janvier 2023 », a tweeté la présidence tchèque du Conseil de l’UE.

Avec ce feu vert unanime des ministres de l’Intérieur réunis à Bruxelles, la Croatie devient le 27e membre de cette vaste zone au sein de laquelle plus de 400 millions de personnes peuvent voyager librement, sans contrôles aux frontières intérieures.

Ce pays de 3,9 millions d’habitants, membre de l’UE depuis 2013, rejoindra aussi la zone euro en janvier prochain.

En revanche, la Roumanie et la Bulgarie devront encore patienter : leurs candidatures se sont heurtées aux veto de l’Autriche – et des Pays-Bas pour la Bulgarie, provoquant « une certaine amertume dans la salle », selon une source diplomatique.

« Je voterai aujourd’hui contre l’élargissement de Schengen à la Roumanie et la Bulgarie », avait annoncé le ministre autrichien de l’Intérieur Gerhard Karner en arrivant à la réunion.

L’Autriche, qui fait face à une forte hausse des demandes d’asile, redoutait que la levée des contrôles aux frontières avec ces deux pays accroisse encore les arrivées de migrants.

Corruption et droits de l’homme

La Commission européenne et le Parlement réclamaient de longue date d’inclure ces trois pays à cette zone qui comprend 22 pays de l’Union européenne, plus l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

L’adhésion aura notamment pour effet de supprimer les files d’attente de véhicules aux frontières de la Croatie, d’encourager encore le tourisme.

En contrepartie, les pays membres de Schengen doivent assumer un contrôle rigoureux des frontières extérieures de cet espace, et s’engager à une coopération policière pour lutter contre la criminalité organisée ou le terrorisme.

Outre l’Autriche, un autre État membre, les Pays-Bas, s’est prononcé contre l’entrée de la Bulgarie dans Schengen. Le ministre néerlandais de la Migration, Eric van der Burg, avait expliqué jeudi que son pays avait des inquiétudes concernant « la corruption et les droits humains » dans ce pays et demandait un nouveau rapport à la Commission sur ces points.

« Pour nous, c’est un oui à la Croatie et un oui à la Roumanie », avait-il dit.

Or le dossier de la Roumanie (19 millions d’habitants) est lié du point de vue procédural à celui de la Bulgarie (6,5 millions). Les deux anciens pays communistes sont entrés en 2007 dans l’UE et frappent à la porte de Schengen depuis plus de dix ans.

La question de l’élargissement de l’espace Schengen est revenue sur la table alors que les arrivées irrégulières aux frontières extérieures de l’UE sont en forte hausse, après avoir connu une baisse pendant la pandémie de Covid-19.

Maîtriser les frontières

La poussée est particulièrement marquée par la route des Balkans occidentaux, où quelque 139 500 entrées irrégulières dans l’UE ont été détectées depuis janvier, selon Frontex. Un chiffre loin des 764 000 entrées enregistrées en 2015, au moment de la crise des réfugiés, mais qui ne prend pas en compte l’exode ukrainien.

La hausse des arrivées par les Balkans occidentaux – notamment par la Serbie – a poussé la Commission européenne à présenter un plan d’action pour tenter de réduire l’afflux par cette voie, comme elle l’a fait récemment pour la route de la Méditerranée centrale.

Bruxelles propose entre autres de déployer l’agence européenne Frontex non seulement aux frontières de l’UE avec les Balkans occidentaux, mais également entre ces pays.

A l’inverse de l’Autriche, la France estimait que l’intégration de la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie dans Schengen permettrait « de mieux respecter le contrôle de nos frontières » et de limiter les arrivées par la route des Balkans.

Ces trois pays ont « fait beaucoup d’efforts pour maîtriser leurs frontières », avait estimé le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin, sur la même ligne que son homologue allemande Nancy Faeser.

Les deux ministres se sont par ailleurs réunis dans la matinée avec leurs homologues néerlandais, belge mais aussi britannique, afin de renforcer leur coopération judiciaire et les échanges d’information pour lutter contre les réseaux de passeurs.

Gérald Darmanin a indiqué que « plus de 1.100 interpellations de passeurs (avaient eu lieu) en France grâce notamment aux informations européennes l’année dernière ».