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La colère des agriculteurs français se propage sur les routes


(Photo : AFP)

La mobilisation des agriculteurs français s’est amplifiée mercredi avec une multiplication des blocages pour obtenir des « réponses concrètes » du gouvernement à leur « rage », alimentée mardi par les décès accidentels d’une éleveuse et de sa fille sur un barrage routier.

Marges de la grande distribution, jachères, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole… Cultivateurs et éleveurs n’ont pas tous les mêmes demandes mais partagent un même malaise sur leur avenir, écartelés entre désir de produire, et nécessité de réduire leur impact sur la biodiversité et le climat.

« Il y a un sacré mal-être chez les paysans », a déclaré Patricia Dagoré, agricultrice au Pays basque (sud-ouest) et membre du syndicat majoritaire FNSEA.

« On nous impose toujours plus de normes. Mais comment faire pour les appliquer ? Les mettre toutes en oeuvre, ça coûte. Aujourd’hui, on a tous la corde au cou, des trésoreries dans le rouge », a-t-elle poursuivi lors d’un blocage de l’autoroute A63 à Bayonne (sud-ouest) mardi soir.

Plus au nord, environ 200 tracteurs ont envahi mercredi matin la rocade de Bordeaux, axe névralgique entre Paris et l’Espagne.

« Nous comptons y rester jusqu’à ce que nous ayons des réponses concrètes », a lancé Serge Bergeon, responsable local de la FNSEA.

Une minute de silence a été observée en hommage aux deux victimes – une éleveuse d’une trentaine d’années et de sa fille adolescente – percutées par une voiture sur un barrage mardi à Pamiers (Ariège).

« On a la rage de continuer, pour cette famille qui est décédée. Ils étaient comme nous, passionnés… On a commencé, maintenant on continue ! », a lancé Yoan Joannic, 20 ans, producteur de céréales au sud de Bordeaux.

« Mèche allumée » 

Après la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) reçus lundi, la Coordination rurale, deuxième syndicat, et la Confédération paysanne, troisième, sont sortis mardi soir du bureau du Premier ministre Gabriel Attal sans appeler à lever les blocages. La première a jugé l’échange « constructif » tandis que la seconde parlait de propositions « insuffisantes ».

Près d’une semaine après avoir débuté dans le sud de la France, le mouvement touche désormais de nombreux axes importants du pays, symbole d’un malaise général du monde paysan, constaté ailleurs en Europe.

Avec pour objectif de bloquer la France ? « Non, pas du tout, c’est un moyen pour obtenir rapidement des décisions. Une fois que la mèche est allumée, les agriculteurs veulent aller jusqu’au bout », a répondu Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, sur la chaîne de TV France 2 mercredi matin.

Dans le sud-est de la France, un convoi d’environ 70 tracteurs a emprunté l’autoroute « du soleil », à la hauteur du péage d’Orange (sud-est), pour remonter vers la Drôme plus au nord, ont constaté des journalistes. Cette action escargot a engendré la fermeture d’une portion de l’autoroute A7, axe crucial dans cette région.

De multiples ronds-points, péages ou bretelles d’autoroutes ont été occupés ces dernières heures, sans compter les opérations escargots, dans de nombreuses régions.

Direction Paris ? 

Mais comment résoudre au plus vite des problèmes aussi enracinés ?

Assailli de questions à l’Assemblée mardi, le Premier ministre Gabriel Attal a évoqué des mesures qui pourraient arriver rapidement: d’abord sur la rémunération des agriculteurs par les industriels et les grandes surfaces.

Il a aussi promis de répondre à la demande de simplification administrative, les exploitants, surtout les éleveurs, devant remplir chaque jour de nombreux documents. Les demandes de subventions et d’aides après des calamités prennent aussi trop de temps, se plaignent les agriculteurs.

Alors que les autres grands pays agricoles européens connaissent des mouvements similaires, la Commission européenne réunira jeudi organisations agricoles, secteur agroalimentaire, ONG et experts pour tenter de calmer le jeu et convaincre de l’intérêt de réconcilier transition écologique et agriculture.