Le numéro un nord-coréen Kim Jong Un a invité samedi le président sud-coréen Moon Jae-in à un sommet à Pyongyang alors même que Washington mettait en garde contre « l’offensive de charme » olympique de la Corée du Nord.
L’invitation a été transmise par Kim Yo Jong, la sœur du dirigeant nord-coréen en visite au Sud pour les jeux Olympiques inaugurés vendredi, selon un porte-parole de la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne. Kim Jong Un est prêt à rencontrer Moon Jae-In « aussi tôt que possible » mais celui-ci n’a pas pour l’heure accepté cette offre.
Un tel sommet pourrait semer la discorde entre le Sud-Coréen, tenant du dialogue avec le Nord et le président américain Donald Trump. Washington martèle que le Nord doit prouver avant toute négociation qu’il est disposé à la dénucléarisation quand Kim Jong Un proclame que son pays est désormais un « État nucléaire à part entière ».
Après des mois de silence sur la participation même du Nord aux JO de Pyeongchang, la compétition s’est révélée l’occasion d’un rapprochement spectaculaire entre les deux rivaux. Le Nord est en pleine offensive de charme, envoyant au Sud athlètes, artistes, pom-pom girls et délégation de haut niveau.
Le président sud-coréen a reçu à déjeuner Kim Yong Nam, chef de l’État de Corée du Nord, aux fonctions largement honorifiques, et le plus haut dignitaire nord-coréen à s’être jamais rendu au Sud.
Kim Yo Jong, première membre de la dynastie régnant au Nord à fouler le sol sud-coréen depuis la fin de la guerre de Corée, était également de la partie. « Nous espérons vous voir rapidement à Pyongyang », a-t-elle déclaré Kim Yo Jong au président sud-coréen après lui avoir remis une lettre personnelle de son frère, selon les autorités sud-coréennes. « Nous voulons que le président Moon devienne un protagoniste dans un nouveau chapitre en vue de la réunification, pour laisser de grandes traces dans l’Histoire », a-t-elle affirmé.
Manœuvre contre Washington ?
La péninsule est divisée depuis la fin de la guerre en 1953. La Corée du Sud démocratique est devenue la 11ème économique mondiale quand le Nord stagne dans la pauvreté.
Cette proposition survient après deux années de tensions extrêmes sur la péninsule. Le Nord a mené en septembre son sixième essais nucléaires et tiré des missiles balistiques capables d’atteindre le territoire continental américain.
Le président Moon pourrait se retrouver dans une position diplomatique délicate face à l’offre nord-coréenne. Mais il a esquivé une réponse immédiate, selon son porte-parole, demandant plutôt que soient créées « les bonnes conditions ».
D’après les analystes, le Nord, qui a exhibé ses missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) géants jeudi lors d’un défilé militaire, cherche par sa campagne olympique à obtenir un adoucissement des sanctions de l’ONU. Il veut aussi enfoncer un coin dans la relation entre Séoul et Washington.
Le Quotidien/AFP