Pas de compromis dans la lutte anticorruption, mise en sourdine des querelles politiques : la Commission européenne, par la voix de Jean-Claude Juncker, a lancé une série de mises en garde vendredi à Bucarest pour sa première présidence de l’Union Européenne.
« On ne peut pas exporter vers l’Europe des conflits internes », a déclaré Jean-Claude Juncker lors d’une conférence de presse dans la capitale d’un pays profondément divisé entre un président pro-européen de centre droit et un gouvernement de gauche très critique à l’égard de l’UE.
« Il faut mettre en sourdine ces problèmes », a-t-il martelé, appelant Bucarest à trouver un « consensus » sur les questions qui divisent les deux camps. Parmi les dossiers qui font polémique, une réforme de la justice adoptée par la majorité de gauche et à plusieurs reprises décriée par Bruxelles et le Conseil de l’Europe.
« Pas de compromis sur l’Essentiel »
Loin d’en être découragés, les sociaux-démocrates au pouvoir ont récemment réaffirmé leur volonté d’adopter un projet de loi d’amnistie et de grâce. Ce texte, dont une première version –finalement abrogée– avait suscité en 2017 une vague de contestation sans précédent, devrait permettre à des hommes politiques soupçonnés de corruption d’échapper aux poursuites pénales.
Interrogé à ce sujet, Jean-Claude Juncker a déclaré : « On ne peut faire de compromis quand il s’agit de l’essentiel ». Si ce projet « voyait le jour, ce serait un recul », a-t-il averti aux côtés du président Klaus Iohannis. « Je suis confiant que cette amnistie ne sera pas discutée » au parlement ou au gouvernement. « Ce serait un énorme problème. C’est hors de question », a assuré ce dernier. « L’Etat de droit n’est pas négociable », a ajouté le président roumain qui a jusqu’ici bloqué plusieurs projets controversés de la gauche visant à assouplir le code pénal et à freiner la lutte contre la corruption.
AFP