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Journaliste assassinée : les Maltais dénoncent l’impunité


Matthew et Paul Caruana Galizia, les fils de la journaliste assassinée, ont manifesté devant la représentation diplomatique maltaise à Londres, lundi, dénonçant une enquête au point mort. (Photo: AFP)

La Valette s’est réveillée lundi couverte d’affiches à la mémoire de la journaliste et blogueuse anticorruption Daphne Caruana Galizia, assassinée il y a six mois, tandis qu’à Londres ses fils ont accusé le gouvernement maltais d’inaction. Dix-huit médias internationaux qui ont travaillé sur l’assassinat vont par ailleurs commencé à publier les résultats de leurs enquêtes mardi.

Les affiches, posées par #OccupyJustice dans la capitale maltaise lundi, détournent les titres de films connus pour attaquer le Premier ministre Joseph Muscat, son chef de cabinet et le ministre du Tourisme. « Daphne Caruana Galizia a été assassinée alors qu’elle dénonçait des affaires de corruption choquantes. Six mois plus tard nous n’avons toujours pas une idée de qui a ordonné ce meurtre et personne n’a assumé la responsabilité politique pour cet assassinat »,  dénonce OccupyJustice, un groupe militant dirigé par des femmes, .

Le groupe a aussi critiqué « les gens méprisables » qui gouvernent Malte, un pays « où l’Etat de droit se trouve à un niveau ridicule et dangereux », écrit-il dans un communiqué.

A Londres, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant l’ambassade de Malte, brandissant des photos de la journaliste assassinée avec le mot-dièse #JusticeForDaphne. « Ce que nous demandons ce n’est pas seulement la justice pour ce meurtre mais aussi la justice pour les crimes sur lesquels notre mère écrivait », a déclaré son fils Matthew Caruana Galizia, 32 ans, en marge de la manifestation. « Actuellement, à Malte, nous avons une double impunité: à la fois pour le meurtre de ma mère et pour toute la corruption sur laquelle elle écrivait », a-t-il ajouté.

Accompagné de son frère Paul, Matthew Caruana Galizia a décrit l’anniversaire de la mort de sa mère comme « de secondes funérailles » et dénoncé la gestion du gouvernement maltais comme « une campagne de relation publique ». « Tout ce qui les intéresse, c’est comment le reste du monde voit ça et comment s’en sortir ».

«Le silence est mafia»

L’instruction concernant la mort de la journaliste est toujours en cours. Trois hommes, inculpés le 5 décembre, ont plaidé non coupables d’avoir fabriqué la bombe qui a tué la journaliste et de participation à une organisation criminelle. Un autre groupe de militants maltais a pour sa part collé des affiches dans les principales rues de La Valette avec les mots italiens « Il silenzio è Mafia » (le silence est mafia).

Dix-huit médias internationaux qui ont enquêté sur le meurtre de la journaliste, dévoileront par ailleurs cette semaine le fruit de leurs recherches, a indiqué lundi Forbidden Stories, le collectif qui les réunit.

Six mois après la mort de la journaliste spécialisée dans les affaires de corruption dans un attentat à la bombe, France Inter et Le Monde doivent publier mardi des premières enquêtes sur le sujet, avant que France 2 ne diffuse à son tour un reportage jeudi soir dans Envoyé Spécial. Le Guardian, le New York Times, le Süddeutsche Zeitung ou encore l’agence Reuters ont également mené l’enquête.

« Forbidden Stories » (enquêtes interdites) est un projet lancé par Reporters sans frontières (RSF) et la plateforme de journalistes d’investigation Freedom Voices Network, qui vise à préserver et poursuivre les travaux de journalistes assassinés ou emprisonnés. Avant d’être tuée par une voiture piégée le 16 octobre dernier à l’âge de 53 ans, Daphne Caruana Galizia avait dénoncé un réseau de corruption impliquant de hauts responsables proches du Premier ministre travailliste maltais Joseph Muscat.

Le Quotidien/AFP