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Jordanie : fracture dans la famille royale, le prince Hamza refuse d’obéir au roi


Le prince jordanien Hamza ben Hussein, lors de son mariage avec Basma Otoum en janvier 2012. (Photo : AFP)

Accusé d’implication dans un complot « maléfique » contre son pays, le prince Hamza de Jordanie, demi-frère du roi Abdallah II, a affiché sa défiance en exprimant son refus d’obéir aux injonctions de cesser ses « activités » et de restreindre ses mouvements.

Le prince Hamza, 41 ans, a nié dès samedi les allégations à son encontre, et accusé en retour le pouvoir de « corruption » et d' »incompétence », scellant la fracture dans la famille royale jordanienne.

Dans une conversation enregistrée et diffusée dimanche soir sur Twitter, le prince affirme à un interlocuteur non identifié : « C’est sûr que je n’obéirai pas (aux ordres du chef d’état-major, le général Youssef Huneiti) quand il me dit que je ne suis pas autorisé à sortir, à tweeter, à communiquer avec les gens et que je suis seulement autorisé à voir ma famille ».

Ce complot, le premier du genre depuis la création du royaume hachémite il y a 100 ans, a éclaté au grand jour samedi avec la mise en cause du prince Hamza dans des « activités » pouvant nuire au royaume et l’annonce de l’arrestation de plusieurs personnalités jordaniennes dont d’anciens responsables pour des « raisons de sécurité ».

Le même jour, le prince Hamza, fils aîné du feu roi Hussein, et de la reine Noor, une Américaine, a affirmé qu’il était assigné à résidence dans son palais à Amman. Les autorités n’ont pas confirmé cette mesure.

Le lendemain, le vice-Premier ministre Aymane Safadi a déclaré que la « sédition » avait été « tuée dans l’œuf », après avoir accusé le prince Hamza d’avoir collaboré avec une « puissance étrangère », non identifiée, pour tenter de déstabiliser le royaume et fait état de l’arrestation d’une quinzaine de personnes dont Bassem Awadallah, un ex-conseiller du roi.

 

Internet coupé

À la demande du roi, le chef d’état-major s’est rendu samedi au domicile du prince Hamza pour lui demander de cesser « tous les mouvements et activités visant la sécurité et la stabilité de la Jordanie », mais la réunion s’est mal passée, a ajouté Aymane Safadi.

« J’ai enregistré toute la conversation et je l’ai distribuée (…) Maintenant j’attends de voir ce qui va arriver et ce qu’ils vont faire. Je ne veux pas bouger (pour l’instant) car je ne veux pas aggraver la situation », a dit le prince dans son dernier enregistrement, en dénonçant une situation « inacceptable ».

Selon des habitants lundi, l’internet est coupé depuis deux jours dans le quartier huppé de Dabouq, dans l’ouest de la capitale Amman, où vivent le prince Hamza ainsi que d’autres princes et princesses.

Conformément au souhait de son père, décédé en 1999, Hamza avait été nommé prince héritier lorsque Abdallah II était devenu roi. Mais, en 2004, le souverain lui a retiré ce titre pour le donner à son propre fils aîné, Hussein.

Pour Ahmad Awad, qui dirige à Amman l’institut Phenix Center for Economics and Informatics Studies, « ce qui est arrivé est une première par son intensité dans l’histoire de la Jordanie ».

« C’est le début d’une crise et pas la fin. Cela montre qu’il faut des réformes tant politiques, qu’économiques et démocratiques », a-t-il dit.

Soutiens étrangers

Selon Aymane Safadi, « les enquêtes (sur ce complot) ont révélé des liens entre Bassem Awadallah et des parties extérieures (…) pour mettre en œuvre des plans maléfiques visant à ébranler la stabilité de la Jordanie ».

« Une personne ayant des liens avec des services de sécurité étrangers a été en contact avec la femme du prince Hamza et lui a proposé de mettre à sa disposition un avion pour quitter la Jordanie », a-t-il ajouté sans préciser l’identité de cette « personne ».

Mais l’Israélien Roy Shaposhnik a ensuite affirmé dans un communiqué être « un ami du prince Hamza » et avoir fait un « geste humanitaire modeste » en « invitant la femme et les enfants du prince à venir chez lui en Europe ». Il a cependant souligné n’avoir « jamais été un agent du renseignement d’Israël ou d’un aucun autre pays ».

Les messages de soutien au roi Abdallah II ont dans le même temps continué d’affluer de l’étranger. Les derniers en date, ceux du Koweït, des Émirats arabes unis et de Russie. « Nous soutenons les efforts des autorités légitimes de Jordanie et personnellement du roi Abdallah II pour assurer la stabilité intérieure » du pays, a affirmé le ministère des Affaires étrangères à Moscou.

AFP

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