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«#jeniraipasvoter» : la France se déchire sur le maintien des élections


La Nouvelle-Calédonie a ouvert le bal des élections municipales dès samedi soir (heure de Paris) (Photo : AFP).

Aux urnes malgré tout. Les Français ont commencé à voter dimanche pour le premier tour des municipales dans un pays à l’arrêt à cause de la crise toujours plus dramatique du coronavirus. Pourtant, samedi soir, les réseaux sociaux étaient envahis de messages appelant à reporter les élections.

Comme le député lorrain Bertrand Pancher (centre-droit) dans ce tweet, de nombreux élus ont appelé au report des élections samedi jusqu’à minuit. En vain. Chez le voisin lorrain toujours, dès vendredi à Metz, un assesseur nous confiait avant même les nouvelles mesures drastiques annoncées dans la soirée de samedi  : « j’ai appelé les responsables du scrutin pour me désister. Quand j’ai demandé s’il y aurait des masques ou des protections spéciales, on m’a répondu ‘non’. Faut pas rigoler, qu’ils se débrouillent ! Et maintenant ils cherchent des gens à 250 balles (sic) la demi-journée pour tenir les bureaux de vote, mais qu’ils s’interrogent ! » Dans certains bureaux toutefois, le personnel semble avoir reçu quelques protection, comme des gants en latex.

Quelque 47,7 millions d’électeurs, dont 330 000 ressortissants de l’Union européenne, sont appelés aux urnes, alors que la France a fermé à minuit tous les « lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays ».

Ouverts depuis 8h, au prix d’un respect scrupuleux des consignes de distanciation et de priorisation des personnes âgées et fragiles, les bureaux de vote fermeront à 18h, 19h ou 20h selon les communes.

Sur Twitter, de nombreux Français pointent l’incohérence des mesures de fermeture de bars et lieux publics, avec le maintien des élections où des milliers d’électeurs, même en respectant des consignes « barrières », vont se croiser dans la journée.

D’autres électeurs estiment que la décision a été validée par des spécialistes médicaux consultés par le gouvernement. Et que s’abstenir serait faire la part belle à des partis minoritaires et potentiellement extrémistes.

Un dernier paramètre concerne les dessous du maintien de ces élections : selon nos confrères du Figaro, le président français aurait maintenu les élections sous la pression d’une partie de la droite, à commencer par le président du Sénat, Gérard Larcher.

Le Premier ministre Edouard Philippe a voté dès 8h15 au Havre.

La progression de l’épidémie, qui a désormais fait 91 morts, laisse présager une abstention record lors de ce scrutin dont la tenue du deuxième tour, le 22 mars, pose déjà question.

Jusqu’à tard samedi soir, les appels se sont multipliés pour un report du 1er tour, que venait pourtant de confirmer Edouard Philippe.

Pas moins de six présidents de région – Valérie Pécresse (Ile-de-France), Xavier Bertrand (Hauts-de-France), Gilles Simeoni (Corse), Carole Delga (Occitanie), Renaud Muselier (PACA) et Hervé Morin (Normandie) -, parmi d’autres élus, ont réclamé le report du scrutin, s’attirant une réponse agacée de l’exécutif.

« Ce sont les mêmes qui ont réclamé le maintien à tout prix jeudi, sur un ton parfois menaçant, qui demandent à présent l’annulation à la veille… Il faut être sérieux, à défaut d’être cohérent », a riposté un proche du président Emmanuel Macron.

Quelques heures auparavant, le chef du gouvernement annonçait la fermeture dès minuit et « jusqu’à nouvel ordre » de tous les « lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays ».

Edouard Philippe a confirmé qu’en revanche le premier tour des municipales, qu’Emmanuel Macron avait sérieusement envisagé d’annuler jeudi, se déroulerait dimanche « comme prévu ».

Record d’abstention ?

Le Premier ministre a demandé « calme » et « civisme » aux Français, alors même que de nombreux maires faisaient part samedi soir de démissions en masse des assesseurs prévus pour le scrutin, faisant craindre une multiplication des cafouillages dans les bureaux de vote – même si, en théorie, les édiles ont la faculté de réquisitionner des conseillers municipaux pour assurer la régularité des opérations électorales.

Dans les bureaux de vote, on s’est préparé à accueillir les électeurs dans les meilleures conditions possibles: poignées de porte, tables, isoloirs… tout a été nettoyé avant le vote et des mesures sont prises pour éviter les files d’attente et faire respecter les distances de sécurité.

Quelle valeur constitutionnel d’un tel vote ?

Le gouvernement a diffusé de son côté des messages préconisant de voter de préférence avec un bulletin reçu par courrier, d’émarger avec son propre stylo – bleu ou noir -, et de privilégier les horaires de moindre affluence, entre 9h et 11h et de 13h à 16h.

Tandis que le bilan de l’épidémie s’aggrave, nombre d’experts mettent en doute la capacité de tenir le second tour dimanche 22 mars.

« Mon analyse », tweetait ainsi samedi le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier, « est qu’un tel report annulerait le 1er tour. Il n’est pas possible de déconnecter les 2 tours d’un même scrutin sans altérer sa sincérité ».

AFP et Le Quotidien

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