Des milliers de personnes se sont rassemblées dimanche à Bologne (nord de l’Italie) à l’appel du jeune mouvement antifasciste des Sardines qui souhaite peser sur une élection régionale cruciale le 26 janvier en Émilie-Romagne, dont le souverainiste Matteo Salvini a fait un enjeu national.
Une victoire dans une semaine de l’extrême droite dans ce bastion de la gauche italienne pourrait entraîner la chute gouvernement formé par la Parti démocrate (gauche) et le Mouvement 5 Étoiles (M5S, anti-système) et provoquer des législatives anticipées, ardemment souhaitées par Matteo Salvini.
Né le 14 novembre à Bologne, chef lieu de l’Émilie-Romagne, les Sardines avaient réunis ce jour-là 14 000 personnes pour dénoncer le discours « de haine et de division » de Matteo Salvini, le chef de la Ligue (extrême droite). Depuis deux mois, le mouvement de contestation fondé par quatre inconnus, écouté avec bienveillance par la gauche, a pris de l’ampleur et des dizaines de manifestations, rythmées par le chant des partisans Bella Ciao, ont déjà rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes à travers le pays.
Les Sardines attendaient dimanche 20 à 30 000 personnes à leur rassemblement festif baptisé « Bentornati in mare aperto » (« Bienvenue à nouveau en haute mer ») qui devait ce poursuivre dans la soirée sur une place de la ville avec des concerts de rock et de rap. En milieu d’après-midi, banderoles colorées et pancartes en forme de sardines, brandies par des manifestants de tous âges, ont fleuri sur la place du Huit-Août. Sur l’une d’elles était écrit le mot S.A.R.D.I.N.A sous forme d’acronyme (Solidarité, Accueil, Respect, Droits, Inclusion, Non violence, Antifascisme).
« Ce sera probablement un tournant pour la politique italienne », a déclaré dans un entretien dimanche au quotidien La Repubblica Mattia Santori, 32 ans, l’un des quatre fondateurs des Sardines. « Nous avons montré que l’on peut faire de la politique sans faire de coups bas (…). Nous avons déjà vaincu sur le populisme : Salvini va dans les bars et fait des selfies, nous nous remplissons les places », a-t-il ajouté.
Les derniers sondages donnaient le président de région sortant Stefano Bonaccini (Parti démocrate, gauche) au coude-à-coude avec Lucia Borgonzoni, sénatrice de la Ligue et candidate de la droite, chacun oscillant autour de 45% des intentions de vote.
LQ/AFP
A Luxembourg aussi
Il n’y a pas qu’à Bologne que les Sardines sont sorties de leurs boîtes ce week-end. Des Italiens du Luxembourg se sont également rassemblés dimanche dans la capitale, sur la place Clairefontaine. Ils étaient ainsi plusieurs dizaines à dire non au populisme et à la haine raciste, sur le refrain de Bella Ciao.