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Sécurité routière : bientôt des radars dans les villages ?


(illustration Didier Sylvestre)

Aux grands maux, les grands remèdes. Plus d’accidents, plus d’excès de vitesse : des citoyens excédés par l’attitude de certains chauffards réclament plus de radars via une pétition publique.

«Enfin une pétition intelligente !» La remarque, si elle se veut gentiment provocante, montre bien la position de la Sécurité routière ASBL vis-à-vis de la pétition n°1454 introduite début décembre et actuellement ouverte aux signatures. Celle-ci vise à obtenir l’installation de radars fixes dans les «petits villages du pays, où de longues lignes droites incitent les conducteurs à ne pas respecter la limitation de 50 km/h».

«La vitesse est la cause majeure et le facteur aggravant des accidents», rappelle Paul Hammelmann, le président de la sécurité routière ASBL. La vitesse réduit en effet le champ visuel du conducteur et a un impact considérable sur la distance de freinage : à 50 km/h, il faut ainsi compter quelque 27,5 mètres pour qu’un véhicule s’arrête, une distance qui passe à 47,5 mètres à 70 km/h et à plus de 93 mètres pour une vitesse de 110 km/h.

Les autoroutes plus sûres

«Les routes nationales ou communales sont par ailleurs plus accidentogènes que les autoroutes de par leur construction et leur agencement, du fait qu’il y ait des virages par exemple, mais aussi, parfois, à cause d’une pratique de la vitesse aberrante. Un contrôle y est toujours indiqué», souligne Paul Hammelmann. C’est en effet un constat, les autoroutes constituent les itinéraires les plus sûrs : en 2018, seuls 13% des accidents mortels et 12% des accidents graves y ont été enregistrés.

«Plus il y a de radars, plus il y a de respect», assure le président de la Sécurité routière. 24 radars fixes sont actuellement installés dans le pays. «Nous ne disposons pas de suffisamment de moyens humains pour effectuer des contrôles, donc il faut des radars. Le fait que le nombre de véhicules flashés ait explosé est bien le signe que les vitesses ne sont pas respectées.» En 2019, 282 000 véhicules ont en effet été flashés sur les routes du Grand-Duché, contre 250 000 l’année précédente, soit 30 000 de plus.

À ceux qui y voient là un moyen pour l’État de «se faire du fric», Paul Hammelmann n’hésite pas à répondre : «Ceux-là se trompent : l’argent des avertissements taxés est réinvesti dans l’acquisition et l’entretien de ces appareils hautement performants, ainsi que dans la prévention routière. Et s’ils ne veulent pas donner de l’argent à l’État, qu’ils le punissent en respectant les limitations de vitesse !»

Un radar aux feux rouges

Un autre type de radar va également prochainement sévir : le premier radar feu rouge, qui flashera les contrevenants ne respectant pas les feux de signalisation. Ce projet pilote sera mis en place dans l’année à Luxembourg, place de l’Étoile. Un autre sera installé près de l’église de Hollerich ainsi qu’un troisième au carrefour Schlammestee, sur la N3 entre Frisange et Alzingen, dont la mise en service est prévue pour 2022.

Mais ce système fait polémique en France, où 1 200 radars sont déjà déployés. Il provoquerait en effet plus d’accidents, les conducteurs ayant tendance à freiner brutalement pour éviter de se faire flasher. Mais aussi parce que ces radars dernière génération peuvent «être complétés par un module vidéo permettant de détecter d’autres infractions par l’analyse des images (NDLR : non-port de la ceinture, utilisation du téléphone portable, etc.)», comme le remarque le député Mars Di Bartolomeo dans une question parlementaire.

«Il n’est pas prévu de compléter ce radar par un module vidéo et le type de radar étudié au Luxembourg n’est pas comparable aux radars de la nouvelle génération», a dernièrement assuré le ministre de la Mobilité, François Bausch, dans sa réponse.

Quant au risque de voir augmenter les accidents, s’il reconnaît qu’il peut y avoir plus d’accrochages et de tôle froissée, Paul Hammelmann rappelle que «ce n’est rien en comparaison avec les accidents graves corporels ou mortels qui seront ainsi évités», ce qu’attestent différentes études menées sur le territoire français.

Tatiana Salvan

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