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Israël frappe le Hezbollah et le Hamas, au lendemain d’une attaque contre l’Iran


Israël a affirmé avoir "éliminé 40 terroristes à Jabalia" ces dernières 24 heures. (photo AFP)

Israël bombarde sans relâche ce dimanche les fiefs du Hezbollah au Liban et les combattants du Hamas dans la bande de Gaza, au lendemain des frappes de son armée de l’air contre l’Iran, un contexte explosif qui fait craindre un embrasement au Moyen-Orient.

Alors que la communauté internationale ne cesse d’appeler à la retenue, l’Iran a affirmé son droit à se défendre après les frappes samedi d’Israël, son ennemi juré, contre des sites militaires dans plusieurs régions iraniennes. Les autorités iraniennes ont fait état de « dégâts limités » et de quatre militaires tués.

En Israël, deux cérémonies officielles sont organisées dimanche pour le premier anniversaire hébraïque du 7 octobre 2023, jour de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre à Gaza avec une offensive de représailles israélienne dévastatrice.

Sur le front sud d’Israël, des témoins ont fait état de plusieurs frappes sur le nord de la bande de Gaza, notamment à Jabalia, où l’armée israélienne mène depuis le 6 octobre une offensive terrestre et aérienne pour empêcher selon elle le Hamas de regrouper ses forces.

L’armée a affirmé avoir « éliminé 40 terroristes à Jabalia » ces dernières 24 heures.

Selon la Défense civile locale, des centaines de Palestiniens ont péri dans l’offensive israélienne dans le nord du territoire palestinien assiégé et en proie à un désastre humanitaire.

« Elle était l’aînée » 

À l’hôpital Al-Ahli de Gaza, Jihad Muqat pleure la mort de sa femme et de ses deux petites filles, dont les corps ont été retirés des décombres à Jabalia. « Aline était l’aînée, ma chère Lulu, elle avait trois ans et demi, et Sama avait 12 jours. J’ai aussi enterré avant ma fille Lara, elle avait deux ans », dit-il le visage éploré.

De nouvelles négociations sont attendues ce dimanche à Doha entre Israéliens, Américains et Qatariens pour évoquer la possibilité d’une trêve à Gaza associée à une libération d’otages enlevés pendant l’attaque du 7 octobre 2023.

Cette attaque a entraîné la mort de 1 206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité. Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée.

À Gaza, au moins 42 847 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l’offensive israélienne, d’après les données du ministère de la Santé.

Sur le front nord d’Israël, au Liban, l’agence de presse libanaise a fait état de raids israéliens sur la banlieue sud de Beyrouth et près de Tyr dans le sud du pays.

L’armée israélienne a affirmé avoir mené des frappes « ciblées » contre des installations de fabrication d’armes et un site de stockage d’armes dans la banlieue sud.

Elle a ajouté avoir « éliminé 70 terroristes du Hezbollah et frappé plus de 120 cibles » du mouvement ces dernières 24 heures dans le sud du Liban, frontalier du nord d’Israël.

Outre les bombardements aériens, l’armée israélienne mène une offensive terrestre depuis le 30 septembre dans le sud du Liban avec l’objectif de neutraliser les combattants du mouvement libanais et faire cesser les tirs de roquettes.

L’armée a annoncé la mort de quatre soldats « tombés au combat » dans le sud du Liban.

« Ni exagérer ni minimiser » 

En soutien au Hamas, le Hezbollah a ouvert le 8 octobre 2023 un front contre Israël en tirant des roquettes sur le nord de son territoire. Après un an de tirs transfrontaliers et après avoir affaibli le Hamas, l’armée israélienne a concentré ses opérations au Liban et y mène des frappes intenses, principalement sur les fiefs du Hezbollah, depuis le 23 septembre.

Au moins 1 615 personnes ont depuis été tuées au Liban, d’après un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.

Israël a juré de mettre hors d’état de nuire le Hezbollah et le Hamas, deux mouvements appuyés par la République islamique d’Iran, qui fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère, après l’occupation par Israël de territoires palestiniens en 1967.

En riposte à une attaque aux missiles de l’Iran contre son territoire le 1er octobre, Israël a pour la première fois a annoncé publiquement avoir attaqué l’Iran en frappant « des sites de fabrication de missiles » et « des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens ».

« Seuls certains systèmes radar ont été endommagés », a dit l’état-major iranien.

Selon Téhéran, l’attaque du 1er octobre visait à venger la mort le 27 septembre, du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth, et celle le 31 juillet à Téhéran du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué dans une attaque imputée à Israël.

Samedi, Israël a menacé l’Iran de lui faire « payer un prix élevé » s’il ripostait, tandis que Téhéran a affirmé avoir « le droit et le devoir de se défendre ».

Il ne faut « ni exagérer ni minimiser » les frappes israéliennes, a dit le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, dans une première réaction dimanche. « J’espère que c’est la fin », a déclaré samedi le président américain, Joe Biden, dont le pays est le principal fournisseur d’armes d’Israël.

Pour Joost Hiltermann, le directeur du programme Moyen-Orient de l’International Crisis Group, les États-Unis ont voulu que les représailles israéliennes soient « proportionnées, afin que l’Iran n’ait pas besoin de répondre ».