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Iran : un an après, retour sur un soulèvement historique et inédit


Quelques jours après son arrestation, Mahsa Amini avait été retrouvée morte en détention.

En septembre 2022, plusieurs milliers d’Iraniens sont descendus dans la rue pour protester contre la mort de Mahsa Amini.

C’était il y a un an. En septembre 2022, une jeune Kurde iranienne âgée de 22 ans est arrêtée par la police des mœurs. Celle-ci lui reproche de ne pas avoir respecté le port obligatoire de la tenue vestimentaire imposée par le régime. Quelques jours après son arrestation, Mahsa Amini est retrouvée morte en détention, vraisemblablement des suites de plusieurs actes de torture.

L’histoire émeut l’Occident mais aussi le peuple iranien. À travers l’ensemble du pays, plusieurs manifestations se déclenchent alors et se propagent depuis le Kurdistan jusqu’au Sistan-et-Baloutchistan au sud, en passant par Téhéran et les grandes villes. Des milliers d’Iraniens descendent dans la rue pour montrer leur opposition. Un soulèvement qui n’est pas le premier dans l’histoire iranienne, mais celui-ci est plutôt inédit tant par sa durée que par son ampleur. En effet, les scènes de liesse entre les manifestations et la police sont montrées et sont diffusées partout dans le monde par le biais des réseaux sociaux. Selon un rapport de l’ONG Iran Human Rights, 537 Iraniens perdent leur vie durant les émeutes et plusieurs milliers d’entre eux sont arrêtés par les autorités.

La protestation change de forme

Un an plus tard, la situation a-t-elle évolué ? Pour de nombreux spécialistes, la contestation est toujours présente, mais celle-ci a changé de forme. «On en parle très peu dans les médias occidentaux. Mais il y a tous les jours ou presque des grèves d’ouvriers, de retraités, bien évidemment dans les universités. Les étudiants continuent à s’organiser et à protester, à se mobiliser», expliquait Azadeh Kian, professeure de sociologie franco-iranienne à l’université Paris-Diderot-Paris 7 au micro d’un média français. D’autres spécialistes du monde iranien évoquent également la formation de groupes de résistance en interne, dont certains avec une dimension féministe.

Fayyaz Zahed, historien de l’Iran contemporain, précise «qu’aucune autre crise dans l’histoire de la République islamique n’a autant creusé le fossé entre le système et le peuple. C’est pourquoi, s’il veut le combler, le pouvoir ne peut s’appuyer uniquement sur des réponses sécuritaires et répressives.» Une répression qui, justement et malgré ce soulèvement, perdure. Quelques jours avant l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini, les autorités iraniennes ont arrêté plusieurs personnes soupçonnées de planifier de nouvelles manifestations.