Les observateurs internationaux dénoncent des condamnations pour des motifs fallacieux de manifestants iraniens et la tenue de procès totalement inéquitables.
Pour les observateurs internationaux, le doute n’est pas permis : les manifestants condamnés à mort en Iran ne bénéficient aucunement d’une justice équitable. Washington a même «condamné dans les termes les plus forts un simulacre de procès» après l’exécution par pendaison le 7 janvier de Mohammad Mehdi Karami et Mohammad Hosseini. L’ONU, opposée à la peine de mort «en toutes circonstances», a, quant à elle, considéré, mardi, le recours à la peine capitale dans la République islamique comme confinant au «meurtre d’État» et dénoncé «un manque de respect des procédures, des accusations qui sont complètement fallacieuses et qui n’ont aucun sens».
Pour le guide suprême Ali Khamenei et les responsables iraniens, les manifestations – largement pacifiques – sont des «émeutes», attisées par des pays étrangers et des groupes d’opposition, et les manifestants sont coupables de «trahison», passible de la peine de mort dans ce pays de près de 88 millions d’habitants. «Leur seul tort, parfois, est d’avoir mis le feu à une poubelle», signale Yasmine Guebasi, de l’Association luxembourgeoise de défense des droits humains en Iran (ADHI). La justice iranienne a ainsi condamné à mort, mardi, Javad Rouhi, notamment pour «corruption sur terre», «apostasie par profanation du Coran en le brûlant» et «destruction et incendie de biens publics».
Terroriser la population
Quant aux conditions de détention (et sont aussi détenus des mineurs), elles sont terribles dans les prisons iraniennes, certains lieux de détention étant même tenus secrets : interdiction de contacter sa famille ou son avocat, privation d’eau, de nourriture, actes de torture… «Les tribunaux iraniens, et en particulier les tribunaux révolutionnaires, sont régulièrement loin d’offrir des procès équitables et utilisent des aveux souvent obtenus sous la torture comme preuves devant les tribunaux», accuse Human Rights Watch dans son Rapport mondial 2023. «Les condamnés n’ont pas le droit de choisir leur propre avocat, l’autorité judiciaire fournit une liste ou en nomme un d’office. Certains détenus n’en ont même aucun. Les avocats n’ont pas accès au dossier répressif», alerte Yasmine Guebasi.
La condamnation à la peine capitale et les exécutions publiques visent clairement à instiller la peur au sein de la population afin de la contraindre à se résigner et à cesser les mouvements de contestation. Un objectif qui n’a pas été atteint, assure Ardavan Fatholahzadeh, de l’ADHI : «Les gens réagissent à ces exécutions, ils se réunissent sur la tombe des exécutés de manière pacifique et vont y déposer des fleurs. Tous les soirs, il y a des manifestations à Téhéran et dans les très grandes villes du pays ainsi que dans les universités. Ces exécutions n’empêchent en rien les manifestations, car les jeunes se disent « on n’a rien à perdre »».