L’unique centrale nucléaire d’Iran, à Bouchehr, dans le sud du pays, est à l’arrêt lundi pour « quelques jours » après une « défaillance technique » signalée par l’Organisation iranienne de l’énergie atomique.
« A la suite d’une défaillance technique à la centrale de Bouchehr (…) celle-ci a été temporairement arrêtée et déconnectée du réseau électrique national », a indiqué l’OIEA dans un bref communiqué publié dans le nuit de dimanche à lundi. « Naturellement, après que cette défaillance technique aura été corrigée, la centrale sera rebranchée au réseau électrique national, dans quelques jours », ajoute le texte.
Dotée d’un réacteur de 1 000 MW, la centrale a été construite par la Russie et a été mise en service en 2013. Bouchehr est un port du Golfe, plus proche des capitales de plusieurs monarchies de la péninsule arabique que de Téhéran, et situé dans une zone sujette fréquemment à des tremblements de terre. Les pays arabes du Golfe voisins de l’Iran ont d’ailleurs maintes fois dit leurs craintes concernant la fiabilité de la centrale et évoqué un risque de fuites radioactives en cas de séisme important.
En avril, la région de Bouchehr avait été secouée par un tremblement de terre de magnitude 5,8 selon l’institut géologique américain USGS. Le séisme avait fait cinq blessés, selon les médias officiels iraniens.
Selon la compagnie nationale de distribution d’électricité, la centrale de Bouchehr fait l’objet de travaux de « réparations » de nature non précisée qui pourraient durer jusqu’à la fin de la semaine, soit vendredi en Iran. La compagnie a appelé les Iraniens à limiter leur consommation afin de ne pas saturer le réseau en cette période de fortes chaleurs.
Vingt centrales en projet
En mai, Téhéran et plusieurs grandes villes iraniennes avaient été soumises à des coupures d’électricité en boucle, que les médias locaux avaient attribuées à une forte sécheresse ayant entamé le capital de production d’énergie hydraulique du pays, et à une forte demande de courant pour des activités énergivores de minage informatique. Le président Hassan Rohani a indiqué fin mai que ces activités de « minage de cryptomonnaies » avaient été interdites jusqu’à la fin de l’été.
En 2016, des entreprises russes et iraniennes ont commencé à construire deux réacteurs de 1 000 MW supplémentaires à Bouchehr. Important producteur de pétrole et de gaz, la République islamique souhaite bâtir vingt centrales à terme afin de diversifier ses ressources énergétiques, afin d’être moins dépendante des énergies fossiles pour sa consommation intérieure.
Après des années de tensions autour de son programme atomique controversé, l’Iran a conclu à Vienne en 2015 un accord avec la communauté internationale offrant à la République islamique un allègement des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l’arme atomique, et d’une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle de l’ONU. Mais l’accord a été torpillé en 2018 par la décision de l’ex-président américain Donald Trump de s’en retirer et de rétablir les sanctions américaines que l’accord avait permis de lever. Des négociations sont en cours à Vienne pour tenter de sauver l’accord en réintégrant les États-Unis.
LQ/AFP